Pourquoi certaines vestes ont des poches cousues ?

Elles sont là, visibles, dessinées avec précision… mais inutilisables. Pourquoi tant de vestes cachent leurs poches derrière des coutures ? On vous explique.

Une tradition qui a sa raison d’être

Qui n’a jamais été confronté à ce moment de frustration : glisser la main dans la poche d’une veste de costume flambant neuve, pour se rendre compte qu’elle est… cousue. Même scénario sur les tailleurs élégants ou les manteaux bien coupés. Ces poches fermées donnent l’illusion de la fonctionnalité, sans en offrir les avantages. Détail esthétique, précaution technique ou simple clin d’œil à la tradition ? En réalité, plusieurs raisons justifient cette pratique qui intrigue (et parfois agace).

Commençons par un point de couture bien nommé : le point de bâti. Il s’agit d’une couture temporaire, volontairement visible et simple à retirer, utilisée pour maintenir en place certains éléments d’un vêtement pendant sa fabrication, son transport ou sa présentation en boutique. C’est par exemple le cas à l’arrière des trenchs. Les poches cousues entrent aussi dans ce cadre.

Comme l’explique le créateur de mode Norman Mabire-Larguier : « les poches sont fermées par ce que l’on appelle un point de bâti, une couture temporaire qui sert à conserver le bien aller du vêtement entre l’atelier de confection et le point de vente ». En clair, cela permet au vêtement de rester bien en forme, d’éviter que les poches ne se déforment pendant le transport ou le repassage, et surtout, de garantir une allure irréprochable en rayon.

Préserver la coupe et la tenue du vêtement

Derrière cette couture se cache une logique bien rodée : maintenir la silhouette du vêtement. Dans le cas des vestes, tailleurs ou gilets, la précision de la coupe est essentielle. Une poche utilisée trop tôt ou trop brutalement pourrait casser la ligne, provoquer des plis ou donner une allure « relâchée » au vêtement. « C’est aussi un gage que vous achetez un vêtement neuf », souligne l’historien de la mode Thierry Tessier.

Cette précaution concerne également d’autres éléments de couture. On retrouve par exemple des points de bâti à l’arrière des manteaux fendus, pour éviter qu’ils ne s’ouvrent ou se froissent avant d’être portés. Dans ce sens, les poches cousues sont un indice que votre pièce est neuve, intacte, et n’a pas encore été « vivante ».

Oui, vous pouvez (et devez) les ouvrir… avec soin

Si ces coutures sont temporaires, c’est bien parce qu’elles sont censées être retirées. Une fois le vêtement acheté, rien ne vous empêche de libérer vos poches. Toutefois, attention à la manière de faire. « Pour les pièces haut de gamme, les points de bâti sont faits à la main et ils sont assez lâches. Il suffit de couper à une extrémité et, généralement, le fil vient », explique Norman Mabire-Larguier.

Cependant, dans le prêt-à-porter, ces coutures sont souvent réalisées à la machine et peuvent être plus solides. D’où le conseil répété par les experts : évitez les ciseaux classiques, préférez un coupe-fils pour éviter les accidents. Une ouverture mal faite peut endommager le tissu ou l’intérieur de la poche.

Une fausse légende… pas si fausse que ça

Une idée reçue persistante veut que ces coutures soient là pour « dissuader » d’utiliser les poches et ainsi éviter de les déformer. Cette théorie n’est pas totalement infondée. Une fois décousues, ces poches peuvent accueillir quelques objets – un mouchoir, une carte, une petite pochette – mais elles ne sont pas faites pour contenir un trousseau de clés, un smartphone XXL ou votre portefeuille entier.

« Trop charger ces poches peut en effet altérer la coupe du vêtement », rappelle Norman Mabire-Larguier. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les sacs, pochettes ou bananes sont devenus des accessoires quotidiens, même pour les hommes.

Une exception qui confirme la règle

Il existe toutefois des cas où le point de bâti n’est pas à découdre. Thierry Tessier raconte l’achat d’un manteau Vivienne Westwood, sur lequel un logo cousu sur la manche semblait être une étiquette temporaire. « La vendeuse m’a dit de le laisser, expliquant que c’était le côté un peu punk de la marque ». Moralité : mieux vaut poser la question en boutique si le doute persiste. Un conseil avisé pour éviter la fausse note mode.

Les poches cousues ne sont ainsi ni une erreur ni un défaut. Elles sont le fruit d’un savoir-faire textile pensé pour préserver la qualité du vêtement jusqu’à l’achat. Libre à vous ensuite de les ouvrir – ou pas. Si vous le faites, faites-le avec précaution. Un vêtement bien porté, c’est aussi un vêtement respecté.

Maïssane Fraiji
Maïssane Fraiji
Passionnée par l'écriture et toujours à l'affût des nouvelles tendances, j'adore explorer l'univers de la mode, du bien-être et des histoires qui résonnent avec les femmes d'aujourd'hui. Curieuse de nature, j'aime surtout partager mes découvertes et échanger autour de tout ce qui m'inspire.

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