De Lady Gaga à Millie Bobby Brown, de nombreuses personnalités publiques ont investi les rangs de nos salles de bain, en créant des marques de skincare prometteuses. Mais certaines d’entre elles débordent (un peu trop) d’imagination. Sydney Sweeney a récemment gravé l’eau de son bain dans un savon solide. Un marché de niche aussi trouble que fascinant dans lequel d’autres stars ont trempé.
Une nouvelle ère du marketing
Entre Sabrina Carpenter qui a créé son parfum aux notes d’espresso en hommage à son tube et Gwyneth Paltrow qui a imaginé des bougies aux senteurs intimes, les célébrités proposent des produits dérivés plus décalés que le simple porte-clé et les babioles d’autrefois. Si Rihanna ou encore Selena Gomez ont gagné tous les vanity avec leurs produits de makeup clean et flatteurs, d’autres se veulent encore plus intimistes et proches de leur communauté.
Récemment, Sydney Sweeney, actrice révélée par la série Euphoria, a sorti un produit d’hygiène porté par un ingrédient rare dont elle est la seule détentrice. Après avoir bien fait macérer son corps dans l’eau de son bain, elle l’a récolté pour en faire une savonnette. Tout a commencé avec une sobre publicité dans laquelle l’étoile montante d’Hollywood faisait la promotion des produits lavants de la marque pour hommes Dr.Squatch. La star immergée dans un bain moussant, était un argument de vente à elle seule. Cette opération commerciale avait d’ailleurs provoqué un véritable raz-de-marée. Sur fond d’humour, elle faisait un rappel à l’ordre aux « vilains petits garçons » à l’hygiène douteuse.
Face à cet engouement, Sydney Sweeney a, à son tour, ajouté sa touche personnelle à la nouvelle invention de la marque, incorporant une pincée d’elle dans cette brique qui promet d’être un best-seller. Si autrefois les stars vendaient leur lingerie usagée aux enchères, aujourd’hui, elles naviguent vers d’autres horizons et écument un business juteux de la chaire.
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Créer le buzz et la proximité
Avant Sydney Sweeney, d’autres stars issues de la télé-réalité ont mis leur jus de corps sous flacon. Et à chaque fois, les internautes ont mordu à l’hameçon. Quand une personnalité annonce qu’elle vend un flacon contenant “l’eau dans laquelle elle a pris son bain”, la toile est en ébullition. Certains crient au génie, d’autres à l’indécence. Résultat ? Des milliers de partages, une visibilité mondiale, et un produit qui s’écoule souvent en quelques heures. Belle Delphine, influenceuse britannique, en avait fait l’expérience en 2019. Et depuis, d’autres ont flairé le filon.
Dans le même sillage, l’influenceuse Ruby Nikara, avait, elle aussi, surfé sur cette vague lucrative, éclusant ce nectar atypique à la coquette somme de 1500€. L’eau de bain devient ici un symbole : celui d’une proximité extrême, presque absurde, avec le public. Elle donne l’illusion d’avoir un “bout” de la star auprès de soi, de ressentir sa présence, de partager un lien. L’odeur corporelle greffée dans le savon, les fans ont finalement l’impression de toucher de près celle qu’ils adulent. Ce n’est pas le produit en lui-même qui compte mais ce qu’il représente.
Entre dérision et empowerment
Ce geste, aussi surprenant soit-il, n’est pas toujours à prendre au premier degré. Il joue souvent avec les codes de la culture pop et des fantasmes collectifs. Il y a une forme de satire dans le fait de vendre l’eau de bain dans laquelle les stars ont bullé. C’est à la fois une provocation et une démonstration de pouvoir. Et si l’humour enrobe le tout, le message est clair : “je contrôle l’économie de mon image”. Pour Sydney Sweeney, dont les tenues sont souvent jugées avec un regard malsain, c’est aussi une façon de se réapproprier son corps. De prouver qu’il lui appartient.
Si certaines personnes n’apprécient guère cette érotisation détournée du corps féminin, ce commerce parallèle favorise l’indépendance économique de celles qui sont derrière le robinet. Et pour beaucoup de femmes dans l’industrie du divertissement, longtemps soumises à des injonctions ou à des producteurs, c’est une manière de reprendre la main sur ce qui était autrefois imposé. Pour beaucoup, vendre l’eau de son bain revient à réduire son corps à de la marchandise. Or pour les principales concernées, c’est surtout une manne financière. Et comme le prouve Sydney Sweeney, il faut parfois se méfier de l’eau qui dort.
Vendre l’eau de son bain est un concept moderne difficile à avaler. Cependant, si même des stars du 7ème art s’y mettent, ce n’est pas seulement du narcissisme digital. C’est peut-être un acte de complicité. Une façon de rafraîchir la relation avec le public. Quoi qu’on en pense, l’eau du bain est une valeur refuge pour les stars.