En broderie, elle brise le tabou de la pilosité féminine

La pilosité féminine… Un sujet aussi vaste que controversé. Une femme qui garde et assume ses poils ? Très peu pour notre société qui vante les mérites de l’épilation laser et des aisselles ultras douces. Insidieusement, on pousse la femme à se débarrasser de tous ses poils « disgracieux » parce qu’une femme ne doit pas avoir de poils. Ils sont réservés aux hommes. La photographe et réalisatrice militante Lisa Miquet a décidé de dire stop. Elle nous présente une série de clichés artistiques nommée « Ornements » pour enfin briser le tabou. Les voici.

Les standards de beauté sont subjectifs

Comme elle l’explique en légende d’un post sur Instagram, lorsqu’on tape « poil » sur Google, les requêtes sur lesquelles on tombe sont toujours liées à l’épilation. Faut-il s’épiler ? Ou plutôt ne pas s’épiler ? Comment s’épiler ? De quelle manière en fonction de l’endroit du corps ?

Ne nous y trompons pas : ces questions a priori « anodines » font en réalité peser une injonction, principalement sur le corps des femmes.

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[ORNEMENTS] Quand on tape « Poil » sur Google, les requêtes sur lesquelles on tombe sont toujours liées à l’épilation : faut-il s’épiler ? Ne pas s’épiler ? Est-ce mauvais pour le corps de s’épiler toute l’année ? Comment s’épiler ? Un simple mot semble poser de nombreuses interrogations et surtout faire peser des injonctions, principalement sur le corps des femmes. Durant l’Égypte ancienne ou encore l’antiquité, l’épilation était une pratique mixte. C’est seulement à partir du XVIème siècle que la barbe est devenue un symbole de masculinité et que donc, par opposition, un corps glabre est devenue un symbole de féminité. Et ce n’est qu’à partir de la Seconde Guerre mondiale, que les poils sur les jambes ont été considérés comme indésirables. L’Histoire nous prouve que nos standards de beautés sont totalement subjectifs. Si certaines femmes commencent à briser le tabou de la pilosité féminine, les représentations de corps féminins poilus restent rares à la télévision, au cinéma, dans le porno, dans les publicités. C’est à force de voir des corps inatteignables, que j’ai eu envie moi aussi envie de créer des images irréelles, totalement à l’opposé. Des corps avec des poils épais, longs aux implantations étranges. Ils dépassent des vêtements et semblent avoir leur propre vie. Des images qui mélangent photographie et broderie, et qui montrent quelques instants les poils comme un ornement, une sorte de bijou surréaliste. Aujourd’hui on découvre une @manonbaeza toute poilue ✨ Merci Manon pour la confiance et merci @penelopemarcade de m’avoir assistée sur ce shoot

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[ORNEMENTS] Dans son ouvrage « Les sens du poil » l’anthropologue Christian Bromberger, qui s’est longuement intéressé au sujet explique : « Au tout début du XXème siècle en Europe, seules les actrices et les danseuses s’épilaient, pas les dames de la bonne société. L’absence de poils aux aisselles étaient considérée comme obscène, car assimilée aux femmes de petite vertu ». Et sinon, on pourrait arrêter de juger le corps des femmes en permanence ? (D’autant plus avec des « normes » subjectives et changeantes ! Merci à @claraouibonsoir d’avoir pris le temps de poser, de m’avoir fait confiance. Un grand merci à @penelopemarcade pour son aide tout au long de ce projet.

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Pour preuve, durant l’Égypte ancienne ou l’Antiquité, l’épilation était une pratique mixte. Ce n’est qu’au XVIe siècle que la barbe est devenue « symbole de masculinité ».

Par opposition donc, un corps sans poil est devenu « symbole de féminité ». Ce n’est qu’à partir de la Seconde Guerre mondiale que les poils sur les jambes sont devenus indésirables.

Que nous prouve l’Histoire ? Simplement que nos standards de beauté sont totalement subjectifs. Et si certaines femmes commencent à briser le tabou, les représentations de corps féminins poilus sont encore bien trop rares à la télévision, au cinéma et même dans les films pour adultes.

« Les femmes sont des Homo sapiens comme les autres »

C’est à force de voir des corps « lisses » et inatteignables que Lisa Miquet a eu envie de créer des images irréelles, totalement à l’opposé :

« Des corps avec des poils épais, longs aux implantations étranges. Ils dépassent des vêtements et semblent avoir leur propre vie. Des images qui mélangent photographie et broderie, et qui montrent quelques instants les poils comme un ornement, une sorte de bijou surréaliste. »

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[ORNEMENTS] « Les femmes possèdent exactement le même nombre de poils — environ 5 millions — que les hommes » explique le Dr Nina Roos, dermatologue et autrice de Une peau en pleine forme (ed. Solar). Nous aussi on a des poils, ils sont justes plus fins et localisés différemment ! 🙃 L’Histoire et la Science nous prouvent que nos standards de beautés sont totalement subjectifs. Si certaines femmes commencent à briser le tabou de la pilosité féminine, les représentations de corps féminins poilus restent rares à la télévision, au cinéma, dans le porno, dans les publicités. C’est à force de voir des corps inatteignables, que j’ai eu envie moi aussi envie de créer des images irréelles, totalement à l’opposé. Des corps avec des poils épais, longs aux implantations étranges. Ils dépassent des vêtements et semblent avoir leur propre vie. Des images qui mélangent photographie et broderie, et qui montrent quelques instants les poils comme un ornement, une sorte de bijou surréaliste. Merci à @chloevollmerlo pour la confiance et à @penelopemarcade de m’avoir assistée 💛🙏🏻

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La fierté. C’est le premier mot qui nous vient en regardant ces photos d’arc-en-ciel coloré et autres gribouillages multicolores. Ces femmes se transfigurent grâce à l’art et prouvent que le corps féminin dans son plus simple appareil est en réalité une oeuvre d’art. Lisa Miquet nous ramène d’ailleurs aux fondamentaux :

 « Les femmes sont des Homo sapiens comme les autres. Comme tous les primates, elles appartiennent à la classe des mammifères. Et qui dit mammifère dit forcément poils. »

Une réflexion qui n’est pas sans nous rappeler notre article sur l’allaitement en public. Avant d’être un « objet sexuel », la poitrine d’une femme sert à nourrir un enfant. Elle est comme tous les autres mammifères et porte son bébé dans le ventre.

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[ORNEMENTS] Dans son ouvrage « Les sens du poil » l’anthropologue Christian Bromberger, qui s’est longuement intéressé au sujet explique : « Au tout début du XXème siècle en Europe, seules les actrices et les danseuses s’épilaient, pas les dames de la bonne société. L’absence de poils aux aisselles étaient considérée comme obscène, car assimilée aux femmes de petite vertu ». Et sinon, on pourrait arrêter de juger le corps des femmes en permanence ? (D’autant plus avec des « normes » subjectives et changeantes ! Merci à @jessicabinois @m_la_vile @macho.boulot.dodo @binta_t @peaudame_psoriasis @anoussachea et @elinatran_ d’avoir pris le temps de poser, de m’avoir fait confiance. Un grand merci à @penelopemarcade pour son aide tout au long de ce projet.

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Pilosité féminine : et si on nous laissait enfin le choix ?

Comme le rappelle Lisa Miquet, le poil est loin d’être insignifiant. Il a sa propre histoire, comme vous avez pu le lire dans la première partie de cet article. Via son compte Instagram, elle rappelle les propos de l’anthropologue Christian Bromberger :

« Au tout début du XXe siècle en Europe, seules les actrices et les danseuses s’épilaient, pas les dames de la bonne société. L’absence de poils aux aisselles était considérée comme obscène, car assimilée aux femmes de petite vertu. Une obscénité qui persiste sous la forme d’une aseptisation à la fois inconsciente et forcée. Une norme très « vieux monde ». »

Tout comme elle, nous nous interrogeons : et si on arrêtait simplement de juger les femmes qui ne s’épilent pas ? Et si on laissait la possibilité de choisir aux jeunes filles ? Et si on ne leur inculquait pas dès le plus jeune âge que les poils, c’est moche pour une fille ?

Le premier pas serait peut-être de leur montrer cette série de photos nommée « Ornements » et de leur demander ce qu’elles en pensent…

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Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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