Comme de nombreuses lectrices avant elle, Charlotte a souhaité aujourd’hui nous livrer son témoignage après avoir vécu une expérience un peu particulière… Alors qu’elle pensait s’être débarrassée depuis longtemps de ses complexes de femme ronde, ces derniers sont réapparus quand elle s’y attendait le moins. Elle nous raconte.
« Je pensais avoir réussi à dépasser mes complexes »
« Je suis une lectrice fidèle de votre magazine que j’affectionne particulièrement et j’aimerais comme d’autres lectrices avant moi partager mon histoire moi aussi. Je crois qu’à l’approche de l’été d’autres personnes pourront se retrouver elles aussi dans mon témoignage…
Petite présentation tout d’abord, je m’appelle Charlotte, j’ai 31 ans, ronde depuis toujours et pas franchement malheureuse de l’être, j’assume mon corps et ne m’excuse pas d’avoir des rondeurs ou du moins… c’est ce que je croyais jusqu’à il y a peu encore.
Il y a quelques jours en effet, j’ai profité des températures pour me rendre à la plage avec une de mes meilleures amies. Crème solaire, fatkini qui va bien, lunettes, paréo, nous voilà parties pour profiter d’une après-midi de farniente comme on les aime. Arrivées sur la plage, on s’installe, je pose ma serviette et jette quelques coups d’oeil autour de moi. Sans m’en apercevoir j’étais en fait tout simplement en train d’examiner les autres personnes présentes sur la plage ce jour-là et de me demander si telle ou telle personne était susceptible de se moquer de moi.
Au moment d’enlever ma robe et de me dévoiler en maillot de bain je me surprends à penser à cette cellulite dont j’avais totalement oublié l’existence jusque-là. Je m’inquiète de savoir ce que les gens vont en penser, les commentaires qu’ils vont en faire. Quelques minutes plus tard alors que l’on marche vers la plage je me surprends cette fois à rentrer le ventre et à être un brin crispée en déambulant devant les gens moi qui pensais en avoir fini avec tout ça.
Je sais que ça n’a l’air de rien comme ça, mais je me suis pris une sacrée claque. J’étais assez complexée plus jeune notamment pendant l’adolescence et je pensais avoir réussi depuis belle lurette à dépasser mes complexes de femme ronde et à tirer un trait sur le passé.
Il m’a fallu quelques minutes pour faire taire ce petit pincement au coeur sur la plage ce jour-là. Et de perdre ma confiance en moi en un battement de cil, j’ai eu le sentiment de n’être plus que l’ombre de moi-même et que toutes ces années d’efforts venaient de partir en fumée en un claquement de doigt. Cela m’a donné l’impression d’être une usurpatrice et de m’être menti à moi-même et aux autres pendant des années alors qu’on me félicite souvent pour cette confiance en moi qui inspire me dit-on… »
« On ne désapprend pas si facilement à être gros »
« Quelques jours après cette après-midi à la plage, j’ai repensé à ce moment où je suis complètement retombée dans mes vieux réflexes de femme complexée qui se demande sans cesse ce que les autres vont bien pouvoir penser d’elle. Mais cette fois j’ai décidé de ne pas voir cela comme un échec mais comme une étape du processus.
Si j’ai eu une enfance et une adolescence relativement heureuses, j’ai dû faire face malgré tout comme beaucoup de personnes rondes aux moqueries, aux critiques sur mon poids. Cela allait du traditionnel « hey la grosse » à des conseils forme du genre « il faut faire du sport pour maigrir hein » venant d’un total étranger dans la rue, et j’en passe !
Je crois tout simplement qu’on n’oublie pas si facilement les moqueries, la méchanceté gratuite, les humiliations, les discriminations qui ont ponctué notre vie et qui peuvent la ponctuer encore. Les personnes rondes ont malheureusement l’habitude de voir des gens rire d’elles, d’entendre des choses parfois terribles à leur sujet, juste parce qu’elles ont le malheur d’être en surpoids. Et ça blesse, et ça détruit, et à chaque fois on se ramasse à la petite cuillère mais ça reste au fond de nous toujours un peu…
Alors j’ai décidé finalement de ne pas m’en vouloir d’avoir eu peur sur la plage ce jour-là, d’avoir rentré mon ventre et eu envie de cacher ma cellulite. Parce que même si je me sens pleinement épanouie et libérée dans les bras d’un homme qui m’aime, même si je me trouve canon dans ma dernière petite robe Asos, face à des inconnus dont je ne connais pas la mentalité, je retombe encore un peu dans mes vieux travers. Cet été, je serai complexée mais je ne veux pas m’en vouloir pour ça. »
« S’accepter est un processus long et fastidieux. Mais on devrait déjà se féliciter d’essayer »
Ce que je souhaiterais dire aux autres lecteur.rice.s, c’est qu’apprendre à s’aimer quand on est gros.sse dans un monde grossophobe est le combat de toute une vie. Je crois que nous devrons tous un jour ou l’autre faire face au genre de retour en arrière que j’ai expérimenté.
Peut-être qu’une moquerie d’un passant vous fera de nouveau partir dans une colère noire vous qui pensiez être en paix avec ce genre de chose. Peut-être qu’une réflexion de votre mère au sujet de votre poids vous détruira vous qui vous étiez dit que vous valiez mieux que ça. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas grave !
S’aimer, s’accepter tel que l’on est est un processus long et fastidieux. Mais on devrait déjà se féliciter d’essayer. Merci de m’avoir écoutée. Hâte de lire ceux des autres lecteur.rice.s ! Charlotte. »
Merci à vous, Charlotte, pour ce témoignage.