« Toi mon corps que j’aime » : le témoignage de Caroline

Avoir confiance en soi n’est pas toujours évident, surtout dans cette société patriarcale quand on est une fille… Face aux diktats de beauté et au lourd regard des autres, une de nos jeunes lectrices, Caroline, a décidé de lever ses barrières personnelles. Un message bouleversant sur la confiance en soi. Découvrez-le.

Une enfance facile mais quasi destructrice…

« Bonjour à tous, je m’appelle Caroline, j’ai 21 ans et aujourd’hui, j’ai décidé d’arrêter de me détester.

Il m’a fallu 21 longues années, bon… En enlevant les 7 premières car je n’avais pas conscience de tout cela, pour arriver à ne pas avoir envie de vomir en me regardant dans un miroir. Jusqu’ici, je passais les trois quarts du temps à éviter mon reflet et à pleurer doucement le soir dans mon lit.

J’ai grandi dans une famille aisée, sans aucun problème financier, entourée d’amour et d’affection. Je n’ai jamais manqué de rien, sauf peut-être d’une chose : l’amour inconditionnel de mes parents.

Je m’explique. Aujourd’hui, je considère ceux qui m’ont donné la vie comme d’excellents parents. Ils m’ont aidée et soutenue sans jamais m’abandonner lorsque la situation devenait critique. Et c’est grâce à eux que j’ai terminé mes études et suis maintenant diplômée. Je m’apprête à entrer dans la vie active et à débuter ma carrière, cette victoire, je la leur dois en grande partie. Mais il y a trois ans, j’ai quitté la cellule familiale pour m’installer à plusieurs centaines de kilomètres afin d’étudier. À mon plus grand étonnement et alors que j’avais déjà 18 ans, c’est là que ma vie a commencé.

Pour vous brosser le portrait de celle que j’étais il y a trois ans : petite, brune, les rondeurs bien affirmées cachées sous un tas de vêtements noirs et informes parce que ma maman m’a toujours répété « qu’il ne faut pas se faire remarquer quand on est grosse ».

J’ai commencé les séries de visite à l’hôpital vers l’âge de huit ans pour savoir « ce qui clochait chez moi ». Je passais des journées entières à subir des batteries de tests pour savoir si je ne souffrais d’aucun autre mal que la gourmandise. J’ai été vu par des dizaines de nutritionnistes et autres médecins professionnels de l’obésité. Je suis même parti un an dans un centre d’amaigrissement pour les jeunes obèses, j’avais 15 ans.
J’ai vécu tout cela comme on supporte un mauvais film au cinéma parce qu’on a payé cher sa place : en attendant la fin avec impatience. Cumulez à cela, les regards de pitié (quasi de dégoût) de mes parents, les discussions sulfureuses sur l’avenir incertain qui m’attendait à cause de mon poids, les moqueries de mes camarades et mon mal-être qui s’accentuait de jour en jour.

À l’âge de 18 ans et une fois le bac en poche, j’ai décidé d’arrêter de m’apitoyer. Pour moi une seule solution valable : m’éloigner au plus vite de cette ambiance quasi grossophobe. Je voulais obtenir ma « vengeance », prouver que je pouvais réussir malgré les plus de cent kilos qui s’affichaient sur la balance.

« La vie étudiante m’a donné confiance en moi »

Je n’ai jamais été extrêmement brillante à l’école mais il s’avère que je me suis découverte une passion pour un métier tout particulier. J’ai passé le concours d’entrée d’une école privée et ai réussi à obtenir de bons résultats. En septembre 2012, je m’installais à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi avec l’envie folle de commencer une nouvelle vie.

Attention, je n’ai pas passé une mini jupe du jour au lendemain. Pendant de long mois, j’ai tâté le terrain, goûtant aux joies et aux galères de la vie étudiante. Je n’étais entourée que de jeunes à la mentalité plutôt fêtarde. Beaucoup m’ont donné l’impression d’être sûrs d’eux. Bizarrement, j’ai tout de suite été intégrée à ma promotion, tous me considéraient pour ma personnalité et non pas pour mon apparence.

À la fin de la première année, j’ai entendu cette fameuse petite phrase que beaucoup de gros connaissent une fois dans leur vie : « franchement, quand on a apprend à te connaître, on t’adore pour ce que tu es, on oublie complètement que tu es ronde« . Moi je ne l’oubliais pas et mes parents non plus d’ailleurs. Surtout ma mère, toujours terrorisée à l’idée que j’aille faire une rasia au rayon biscuit de mon super marché du coin…

Au bout de ma première année, j’ai décidé de prendre les armes et de changer radicalement physiquement parlant. Je n’ai pas fait de régime non, mais j’ai totalement changé mon style vestimentaire, me suis intéressée de plus prêt à la mode et ai commencé à prendre soin de moi. J’ai retrouvé deux copines que je m’étais faite lors de mon fameux séjour d’un an dans un centre d’amaigrissement. Nous avons décidé de nous entraider dans nos galères et de commencer le chemin vers l’acceptation de soi ensemble.

Sortir avec des garçons : un vecteur de confiance en soi

Vous voyez la Bridjet Jones coincée qui rougit au moindre compliment et qui préfère rester cachée pour éviter le regard de possibles prétendants ? Eh bien c’était moi ! Les garçons, je ne connaissais pas, j’étais trop persuadée que mes rondeurs les repoussaient.

Et puis un jour, alors que j’effectuais mon stage de première année, j’en ai rencontré un qui a changé ma vision des choses. Plutôt grand et musclé, les yeux bleus et un sourire qui restera gravé en moi à tout jamais. Allez je vous l’avoue, c’est avec lui que j’ai perdu ma virginité un très beau soir d’été où les étoiles nous ont servi de décor. Pas mal pour une petite bouffie hein ?
Grâce à lui, j’ai compris que je ne rebutais pas les hommes, que certains pourraient me trouver à leur goût. Revigorée et rassurée par cette toute nouvelle expérience, j’ai commencé à voir la vie autrement. Les mois qui ont suivi m’ont permis de m’assumer en tant que femme. Je me mettais en valeur, sortais avec mes amis et je sentais cette confiance et cette sérénité intérieure monter de plus en plus en moi.

Lors de ma troisième et dernière année d’étude, j’ai vécu ma première histoire sérieuse avec un marin aux yeux bleus océan. Une histoire qui s’est soldée par un échec cuisant. Pourtant, je n’ai pas renoncé et ai rencontré plusieurs autres hommes pour réparer mon cœur quelque peu fêlé par le chagrin et la déception. Les discussions et les moments partagés m’ont de nouveau rassurée sur mon pouvoir de séduction et j’ai décidé que plus jamais je ne ferais un pas en arrière.

Aimer son corps : la clef du bonheur

Après toutes ces expériences, je suis certaine d’avoir acquis une chose et pas des moindres : l’acceptation totale et définitive de mon corps.

Toi mon corps que j’aime, je voudrais te dire à quel point je suis désolée de t’avoir détesté. À quel point j’ai pu te haïr quand je voyais la déception et le dégoût dans les yeux de mes proches.

Aujourd’hui, tu fais partie de moi, j’ai décidé de faire de toi une force, de ne plus te traîner comme un boulet. Je ne veux plus me battre avec toi, j’ai choisi d’opter pour l’harmonie. Tout ce que je veux désormais c’est te maintenir en forme et te mettre en valeur peu importe la taille sur l’étiquette du pantalon.

On m’a répété à longueur de temps que tu serais un véritable handicap pour moi, que tu m’empêcherais de réaliser mes rêves et de connaître l’épanouissement personnel. Pourtant, je n’ai jamais été aussi heureuse qu’aujourd’hui. J’ai enfin trouvé la paix et je compte bien en profiter pour continuer de vivre ma vie comme je l’entends sans me soucier du regard des autres.

Bien sûr, il me restera toujours quelques kilomètres à parcourir sur le chemin de la confiance en soi mais cela ne me fait plus peur. Toi, mon corps que j’aime, je sais désormais que tu m’amèneras loin. »

Une : photo d’illustration

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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