Si devenir parent est une aventure profondément bouleversante, elle peut aussi s’accompagner de défis psychologiques majeurs. Une étude récente propose une piste intrigante : il y aurait un « nombre idéal » d’enfants à avoir pour préserver sa santé mentale. Explications et limites des résultats.
Deux enfants, un équilibre pour la santé mentale ?
Entre les couches à changer, les nuits blanches et le retour au travail (sans parler de la fameuse « charge mentale » qui fait office de colocataire invisible), être mère relève souvent d’un numéro d’équilibriste. Des chercheurs, de l’université de Soochow (Taïwan), se sont donc penchés sérieusement sur la question de l’impact de la parentalité sur la santé mentale des femmes.
En s’appuyant sur les données de plus de 55 000 femmes issues de la UK Biobank, une immense base d’informations médicales britannique, ces chercheurs ont découvert quelque chose d’assez surprenant : le fait d’avoir 2 enfants serait associé à un risque réduit de troubles psychiques, notamment de dépression majeure et de troubles bipolaires. Comparées aux femmes ayant 3 enfants ou plus, celles ayant 2 enfants semblent bénéficier d’un petit « plus » mentalement protecteur, selon les chercheurs.
Moins, c’est parfois plus
Dans les chiffres, cela se traduit par une réduction d’environ 30 % du risque de développer des troubles mentaux chez les femmes ayant expérimenté la maternité. Ce bénéfice n’est pas exponentiel : au-delà de 2 enfants, l’effet protecteur ne continue pas de croître. Pire, il tend même à s’estomper. Comme si le cerveau lançait un petit message : « Deux, c’est bien. Trois ? On va devoir discuter ». Pourquoi ce « seuil magique » ? Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses.
D’abord, il y a l’évidence sociale : quand on a un ou deux enfants, les soutiens extérieurs – conjoints, grands-parents, amis – sont souvent plus présents. Les bras ne manquent pas, et les moments pour souffler existent encore (même si, on vous l’accorde, ils peuvent se faire rares). Dès qu’une fratrie s’agrandit, cette précieuse aide tend parfois à se diluer. Le temps, l’attention, l’énergie : tout devient plus rare et plus précieux. Il faut jongler entre les devoirs, les rendez-vous médicaux, les conflits de jouets et les bains… sans oublier de penser à passer l’aspirateur (et à acheter des yaourts, encore…).
Ajoutez à cela la pression financière, souvent plus importante quand on a plusieurs enfants à charge. Et, n’oublions pas, les effets biologiques : chaque grossesse est une tempête hormonale en soi, et les répétitions rapprochées peuvent rendre plus vulnérable aux troubles de l’humeur ou à l’anxiété. Bref, le duo d’enfants semble former un terrain d’équilibre. Au-delà, ce sont parfois les fondations elles-mêmes qui commencent à trembler.
Attention, pas de recette miracle
Cela dit, et les chercheurs insistent là-dessus : avoir 2 enfants ne garantit pas un bonheur absolu ou une santé mentale en béton armé. Il s’agit d’une corrélation, et non d’un lien de cause à effet gravé dans le marbre.
De nombreux autres facteurs entrent en jeu : la qualité du soutien émotionnel, la stabilité du foyer, les ressources financières, l’histoire personnelle, ou encore les vulnérabilités psychiques préexistantes. Aucune étude ne pourra jamais remplacer la richesse et la complexité de chaque parcours de vie.
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Et si l’on ne veut pas d’enfants du tout ?
Voici un point essentiel, trop souvent passé sous silence : avoir des enfants – ou ne pas en avoir – ne devrait jamais être un indicateur de valeur personnelle ou de santé mentale. Certaines personnes trouvent un épanouissement profond dans la parentalité. D’autres, tout aussi équilibrées, choisissent un chemin sans enfant, et leur bonheur n’en est pas moins réel ou valable. Inversement, une vie avec enfants ne garantit pas la joie, tout comme une vie sans eux ne condamne pas au vide émotionnel.
Chaque être humain a le droit – et la liberté – de construire sa vie selon ses propres désirs. Lire cette étude, c’est nourrir sa curiosité et comprendre certaines tendances sociales et biologiques ; mais en aucun cas cela ne doit devenir une injonction à la maternité ou à la parentalité. Personne ne devrait se sentir contraint d’avoir des enfants pour « faire comme tout le monde » ou répondre à une norme. Respecter les choix de chaque personne, c’est aussi respecter la diversité des formes de bonheur.
Pour conclure, ce que nous enseigne cette étude, ce n’est pas qu’il faut impérativement avoir 2 enfants, mais plutôt que le bien-être des mères (et des parents plus globalement) mérite d’être placé au cœur des réflexions de société. Que l’on soit mère d’un, deux, cinq enfants – ou de zéro – votre santé mentale compte.