Très pratiques, les gels hydroalcooliques sont devenus un réflexe quotidien. Cependant, sont-ils réellement aussi efficaces qu’on le croit face aux virus et bactéries ?
Un outil pratique… mais pas infaillible
Depuis la pandémie de COVID-19, les gels antibactériens ont envahi les sacs à main, les bureaux, les halls d’immeubles et les transports. Présentés comme des barrières immédiates contre les microbes, ils donnent souvent l’impression d’être une alternative sûre et suffisante au lavage des mains.
Selon plusieurs spécialistes interrogés dans le HuffPost, cette confiance n’est pas toujours justifiée. Les gels ne tuent pas tous les germes et peuvent même laisser passer certains agents pathogènes particulièrement résistants.
Comment fonctionnent les gels hydroalcooliques ?
Les gels antibactériens contiennent de l’alcool – en général de l’éthanol ou de l’isopropanol – dont le rôle est de dénaturer les protéines des germes, empêchant ainsi leur action ou leur reproduction. En laboratoire, leur efficacité contre certains virus ou bactéries est avérée, mais uniquement dans des conditions idéales : mains propres, produit bien dosé, et temps d’application respecté.
« L’efficacité annoncée – souvent 99,9 % – repose sur des tests en conditions contrôlées », précise le Dr Anthony Leung, médecin à la Cleveland Clinic (États-Unis). En réalité, plusieurs facteurs peuvent grandement réduire cette efficacité.
Contre quels germes les gels sont-ils inefficaces ?
Contrairement à une idée reçue, tous les virus et bactéries ne réagissent pas à l’alcool. Les virus dits « non enveloppés » – comme le norovirus (responsable de la gastroentérite), le rhinovirus ou l’adénovirus – sont très peu sensibles aux solutions hydroalcooliques. Leur structure externe, dépourvue de membrane lipidique, leur permet de résister à l’action de l’alcool.
Certains types de bactéries, comme Clostridium difficile (provoquant des infections digestives sévères), ont la capacité de former des spores très résistantes, presque imperméables à l’alcool. Le gel ne suffit donc pas à les éliminer. Même constat du côté de certains parasites comme cryptosporidium, à l’origine de nombreuses infections d’origine hydrique : leur enveloppe protectrice rend l’alcool inopérant. C’est un peu comme « lancer une balle en mousse contre un bunker », résume Jason Tetro, microbiologiste.
Quand faut-il privilégier le lavage des mains ?
Les experts sont unanimes : le lavage des mains à l’eau et au savon reste la méthode la plus fiable pour se débarrasser efficacement des germes, en particulier :
- après être allée aux toilettes
- avant de manger ou de cuisiner
- après avoir changé une couche ou manipulé des déchets
- après avoir éternué ou toussé dans ses mains
- en cas de mains visiblement sales, grasses ou souillées
Selon le Dr Soniya Gandhi, du Cedars-Sinai Medical Center, un bon lavage implique de frotter au moins 20 secondes, y compris entre les doigts et sous les ongles, puis de bien sécher ses mains. L’humidité favorise en effet la prolifération des germes.
Comment bien utiliser un gel antibactérien ?
Quand on n’a pas accès à un point d’eau, le gel hydroalcoolique reste une alternative, à condition de l’utiliser correctement. Voici les règles à suivre pour maximiser son efficacité :
- Choisir un gel contenant au moins 60 % d’alcool
- Appliquer une quantité suffisante pour couvrir toute la main
- Frotter les mains, entre les doigts et sous les ongles, pendant 15 à 20 secondes
- Ne pas essuyer ou rincer avant séchage complet
Utilisé trop rapidement, ou en trop petite quantité, le gel perd largement de son efficacité. Et surtout, il ne remplace jamais totalement un bon lavage.
Le piège du « faux sentiment de sécurité »
C’est là le vrai danger : croire que l’on est protégé alors que l’on ne l’est pas entièrement. En multipliant les utilisations de gel dans des conditions inappropriées (mains sales, virus résistants, dosage insuffisant), on crée une illusion de sécurité. Cela peut inciter à toucher son visage, à négliger le lavage des mains, ou à relâcher la vigilance sur d’autres mesures essentielles.
Le Dr Rachel Marquez rappelle que des gestes simples restent essentiels pour éviter la transmission de maladies : éviter de se toucher le visage, désinfecter régulièrement les surfaces, et éviter de cuisiner ou de s’occuper d’autrui si l’on est malade.
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Les gels antibactériens sont utiles, pratiques, et souvent bienvenus en déplacement. Toutefois, ils ne remplacent pas l’eau et le savon, surtout face à certains agents pathogènes plus coriaces. Comme souvent en matière de santé, l’efficacité repose sur l’usage éclairé d’un outil, et non sur sa seule possession. Pour rester en bonne santé, rien ne vaut une bonne hygiène des mains, complétée par des gestes simples de bon sens.