Vous pensiez que tout le monde avait besoin du même nombre d’heures de sommeil ?Détrompez-vous. Une étude relayée par la Cleveland Clinic révèle que, pour des raisons physiologiques et psychologiques, les femmes auraient besoin de plus de sommeil que les hommes… environ 11 minutes de plus par nuit. Ce chiffre peut sembler modeste, mais il traduit des différences bien réelles dans la manière dont les femmes dorment et dans ce qui perturbe leur repos.
Pourquoi les femmes dorment-elles plus longtemps ?
Selon Michelle Drerup, psychologue spécialisée dans les troubles du sommeil, la durée idéale de sommeil varie d’un individu à l’autre, mais des tendances se dégagent en fonction du sexe. En moyenne, les femmes dorment légèrement plus longtemps, mais surtout, elles ont davantage de raisons de mal dormir.
Parmi les principaux facteurs identifiés :
- Des fluctuations hormonales fréquentes
- Une prévalence accrue de la dépression et de l’anxiété
- Une plus grande vulnérabilité aux troubles du sommeil
Autrement dit, si les femmes ont besoin de dormir plus longtemps, ce n’est pas pour “se reposer davantage”, mais plutôt pour compenser un sommeil de moindre qualité.
Les hormones : un impact direct sur le sommeil
Les cycles hormonaux influencent fortement le rythme circadien — l’horloge biologique qui régule notre sommeil. Et ce sont justement les femmes qui, tout au long de leur vie, subissent le plus de variations hormonales : menstruations, grossesse, post-partum, périménopause, puis ménopause.
La ménopause, en particulier, est souvent associée à une baisse de la qualité du sommeil. Elle peut provoquer :
- Une augmentation du temps d’endormissement
- Une réduction du sommeil profond
- Une vulnérabilité accrue aux maladies chroniques, comme les troubles de la thyroïde, qui peuvent perturber encore davantage les nuits
Dépression, anxiété : un cercle vicieux
La santé mentale et le sommeil sont étroitement liés. Or, les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir d’anxiété ou de dépression. Ces conditions sont fréquemment associées à l’insomnie ou, à l’inverse, à l’hypersomnie (un besoin excessif de sommeil).
D’après les données partagées par la Sleep Foundation :
- 80 % des personnes souffrant de dépression déclarent avoir de l’insomnie
- 20 % ont des troubles respiratoires du sommeil (comme l’apnée)
- 15 % dorment trop (hypersomnie)
Et comme le rappelle la Dre Drerup : le manque de sommeil aggrave les troubles de l’humeur, et vice versa. Un cercle difficile à rompre sans accompagnement.
Les troubles du sommeil, plus fréquents chez les femmes
Hormones, stress mental, charge mentale : tous ces éléments participent à l’apparition de troubles du sommeil plus fréquents chez les femmes. Par exemple, le syndrome des jambes sans repos touche deux fois plus les femmes que les hommes.
Autre trouble courant : l’apnée du sommeil, souvent sous-diagnostiquée chez les femmes car leurs symptômes sont plus subtils. Si les hommes ronflent bruyamment, les femmes présentent davantage de maux de tête matinaux, de fatigue chronique et de sommeil léger.
Après la ménopause, les femmes sont tout aussi à risque que les hommes de développer de l’apnée du sommeil… mais leur diagnostic reste plus difficile.
Comment savoir si vous dormez assez ?
Selon la Dre Drerup, le meilleur indicateur de sommeil n’est pas le réveil lui-même, mais l’état dans lequel vous vous sentez quelques heures plus tard. Vous vous sentez alerte, concentrée, motivée ? Votre sommeil est probablement suffisant. Au contraire, si vous ressentez une fatigue persistante avant midi, il se pourrait que vous n’ayez pas atteint votre quota de repos réparateur.
Et si la fatigue vous empêche de profiter des choses que vous aimez, il ne s’agit peut-être pas seulement de sommeil… mais aussi de santé mentale.
Comment améliorer la qualité de votre sommeil ?
Voici les conseils de la spécialiste pour mieux dormir, sans bouleverser votre vie :
- Limiter la caféine et l’alcool, qui perturbent l’endormissement
- Éviter les écrans avant le coucher et privilégier l’obscurité
- Faire de l’exercice régulièrement, de préférence le matin
- Créer une routine de sommeil stable, même le week-end
- Gérer votre stress avec des outils comme la méditation ou l’écriture
- Faire une sieste de 10 à 20 minutes maximum si vous en ressentez le besoin
Et surtout : ne pas hésiter à consulter un médecin ou un spécialiste du sommeil si la fatigue devient chronique.
Chaque minute compte
Même si 11 minutes peuvent sembler anecdotiques, elles reflètent une réalité physiologique et sociale : les femmes sont plus exposées aux troubles du sommeil, et leur corps a besoin de compenser. Dans un monde où l’épuisement est souvent banalisé, prendre soin de son sommeil est un acte de santé essentiel, à ne pas négliger.