Absence de libido : 4 conseils pour comprendre et briser les tabous

À savoir avant toute chose : l’absence de libido, c’est ok. D’autant que ce manque de désir sexuel arrive à beaucoup plus de personnes qu’on ne le croit. Un « libidown », baisse de libido en français, peut être lié à une cause psychologique, organique, un problème dans le couple, ou tout simplement à une forme d’orientation sexuelle (asexualité, graysexualité). Qu’elle soit temporaire ou pérenne, voici quelques pistes pour la comprendre et se débarrasser du tabou qui l’entoure une bonne fois pour toutes.

1 – Comprendre les injonctions contradictoires et sexistes

Découvrons pour cela les origines du tabou qui persiste autour de la libido. Ces dernières années, la place qu’occupent les troubles de l’érection masculine dans le débat public est large. Mais pour les femmes, le sujet n’est jamais autant posé sur la table. D’un côté, elles font face à une injonction à la sexualisation. On parle même de « charge sexuelle« . À travers les publicités qui transforment le corps féminin en objet de désir masculin, le satané Summer Body qui revient chaque été, mais aussi l’injonction à pimenter sa vie sexuelle, à atteindre l’orgasme, etc.

Autrement dit à avoir une vie sexuelle active, y compris du côté des hommes d’ailleurs. Quand un homme n’est pas actif sexuellement, c’est forcément un puceau ou il a « un problème dans le pantalon ». Quand une femme ne suit pas ces règles, c’est « une sainte-nitouche » ou elle est décrite péjorativement comme frigide. Pas étonnant que 41 % des femmes éprouvent de la honte face à leur libido, parce qu’elles la trouvent « trop faible » au regard des standards…

De l’autre côté, la sexualité féminine continue à être un sujet tabou. On parle ici de slutshaming. L’humiliation d’une femme pour son attitude jugée trop provocante, en français. Elle passe dans plusieurs aspects de nos vies : dans les médias, entre ami.e.s dans les cercles privés. Être une femme qui déborde de désir et multiplie les partenaires sexuels par exemple, c’est jugé craignos. Du côté des hommes, on dira plutôt d’eux qu’ils multiplient les conquêtes avant de trouver la bonne, sans que cela soit jugé négatif…

2 – Connaître les possibles causes de l’anaphrodisie

Outre une honte qui peut naître dans une société ultra normée comme la nôtre, l’absence – ou la baisse – de libido peut être une vraie problématique et la cause de souffrances. On parle alors d’anaphrodisie (ou l’anorexie sexuelle). Ce trouble sexuel qui désigne une absence d’intérêt sexuel, seul.e ou à plusieurs, existe sous deux formes : la primaire et la secondaire.

Dans le cas d’une libidown primaire, les causes seraient soit « physiologiques (douleurs, dépression et prise d’anti-dépresseurs ou de neuroleptiques), soit organiques (maladies endocriniennes, prise de contraceptifs oraux) soit psychologiques (stress, fausses croyances, éducation, traumatismes sexuels, violences sexuelles, interrogation de l’orientation sexuelle, etc…) », explique Cécilia Commo, sexologue clinicienne pour le Journal des Femmes.

Pour le cas d’une anaphrodisie secondaire, elle peut être liée au contexte de la relation du couple « par exemple, à des douleurs suite à des opérations chirurgicales, à un choc psychologique, à des problèmes d’érection ou encore à un rejet de la sexualité suite à un vécu désagréable. Mais aussi à l’apparition de troubles organiques (endocriniens, urinaires, etc…) « , explique la spécialiste.

3 – Différencier le manque de désir sexuel et l’absence de désir tout court

Vous faites partie des 44 % des Français.es qui ont affirmé ne plus avoir de rapports sexuels pendant le confinement ? La situation sanitaire actuelle étant plus que complexe, cela peut jouer sur nos envies, rien catastrophique rassurez-vous. Et si depuis la situation n’a pas changé… peut-être alors éprouvez-vous de la colère ou de l’anxiété pour votre partenaire. Dans ce cas-là, c’est d’autant plus normal qu’il n’y ait plus de désir :

« Il est en effet impossible de concevoir à la fois une émotion négative puissante et une émotion positive (le désir). L’émotion la plus forte l’emporte, bloquant votre désir », explique la Dre Catherine Solano, médecin sexologue et andrologue.

Si vous souhaitez retrouver ce désir perdu dans votre couple, sachez que la clef est la communication. Il faut savoir écouter son corps. Vérifier si l’absence de désir concerne seulement votre partenaire – là l’explication est simple, il s’agit d’un problème au sein de votre couple – ou si c’est ainsi avec d’autres personnes (plus de désir pour quiconque). Si le blocage persiste et vous dérange, pensez peut-être à consulter un.e sexologue.

Mais surtout, il ne faut jamais – oh grand jamais – faire l’amour sans envie, juste pour faire plaisir à son/sa partenaire. Il, ou elle, n’a aucun droit sur vous, sur votre corps. Avoir des rapports sexuels dans une vie ou au sein d’un couple n’est absolument pas une obligation, quelque chose que l’on doit à l’autre. Malheureusement, beaucoup de gens oublient cette notion de consentement. Le respect du désir, ou du non-désir, de l’autre n’est ainsi pas toujours très clair dans les couples.

4 – Se demander : l’asexualité me correspond-elle ?

Pas forcément, mais comme l’asexualité est une orientation sexuelle faisant face aujourd’hui à encore beaucoup de préjugés, il est bon de se poser la question. Un.e asexuel.le ne ressent pas ou peu de désirs sexuels envers une autre personne. Autre orientation possible : un.e graysexuel.le se situe entre l’asexualité et la sexualité. La personne n’éprouve alors pas d’attirance sexuelle, sauf dans de (très) rares circonstances.

À l’inverse des personnes « frigides » (qui ne ressent pas de plaisir pendant l’acte sexuel), les asexuel.le.s ou graysexuel.le.s peuvent avoir non seulement des relations sexuelles, mais aussi des orgasmes. Le tout est de les comprendre, sans les brusquer.

Il existe également des personnes dites « aceflux », qui peuvent avoir une sexualité qui varie avec le temps, par phases. Si on se sent proche de l’asexualité, on peut consulter le site Asexuality.org, qui propose une mine d’or d’informations.

Moralité, les sexualités sont multiples, aucune ne ressemble à 100% à une autre. C’est pour ça qu’il faut écouter son corps, ses désirs, prendre son temps. Et faire barrage aux injonctions corporelles qui nous font culpabiliser.

Des troubles dans votre libido ? Vous n’êtes pas seul.e. On en parle dans le coin sexualité de notre forum !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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