Alors que les sĂ©ries Harry&Meghan et The Crown sont des succès internationaux, nous avons l’occasion de constater comme la famille royale britannique est source de fascination. Entre sĂ©parations, mariages, disputes et couronnement, le public ne manque jamais le rendez-vous des grands Ă©vĂ©nements royaux. Encore 20 ans après la mort de Lady Diana, nous trouvons toujours des admirateur.rice.s pour fleurir le pont de l’Alma en sa mĂ©moire.
Le siècle dernier a ainsi vu la famille royale façonner à sa guise la fascination dont elle a toujours été le sujet. Les derniers scandales seraient-ils annonciateurs de la fin de cette ère ?
Une fascination populaire pour le glamour royal
Depuis toujours dans nos sociétés, les familles royales fascinent les foules. Leur style de vie, leur palais et leurs tenues toujours plus élégantes sont au centre de moult attentions. La famille royale britannique a réussi le pari de conserver cette fascination, même au XXIe siècle, et même dans des pays qui ne sont pas des monarchies. Stéphane Bern le justifie en quatre mots :
« Elles incarnent le glamour. »
L’auteur de Psychanalyse des contes de fĂ©es Bruno Bettelheim nous rappelle aussi que la force de la famille royale britannique est sa capacitĂ© de projection. Nous ne pouvons rĂ©ellement rien projeter sur nos politiques français.es. En rĂ©ponse Ă ce manque d’identification, Ă ce besoin d’humanisation du pouvoir, nous reportons notre attention sur la vie des Windsor. PrĂ©cisons tout de mĂŞme que la famille royale n’a pas, en soi, de pouvoir politique. En revanche, elle jouit d’un pouvoir moral et d’un soft power : elle fait aussi rayonner le pays Ă l’international.
L’historien Philippe Chassaigne, spĂ©cialiste de la Grande-Bretagne et de la famille royale, s’est intĂ©ressĂ© Ă l’attrait français pour la royautĂ© britannique. Selon lui, nous ne sommes pas les sujet.te.s d‘une nostalgie pour une famille royale. Il s’agit plutĂ´t d’une curiositĂ© pour cette mise en scène du pouvoir qui ne nous appartient pas, mais ne nous est pas Ă©trangère pour autant.Â
« Les Français.es aiment les ors de la République, mais les ors de la monarchie brillent encore plus. »
Un véritable feuilleton dans lequel toutes les générations peuvent se retrouver
Mieux qu’une tĂ©lĂ©novela, la famille royale est une source inĂ©galable d’histoires et de scandales. Elle nous offre de rĂ©currents rendez-vous tĂ©lĂ©, et quoiqu’il advienne, le public est toujours au rendez-vous. Preuve en est des 750 millions de tĂ©lĂ©spectateur.rice.s pour le mariage du prince Charles et de Lady Diana, ou encore des 4 millions et demi en France pour le jubilĂ© d’or 2012 et du milliard dans le monde lors du mariage de William et Kate en 2011. Les deux milliards de tĂ©lĂ©spectateur.rice.s pour le mariage de Harry et Meghan en 2018 finissent de nous en convaincre.
La vie de la famille royale est un vĂ©ritable feuilleton Ă rebondissement qui ne cesse jamais. Il est plus fort que les fictions, car les protagonistes sont rĂ©els. Il surpasse aussi les histoires de cĂ©lĂ©britĂ©s puisqu’il s’agit lĂ de sang royal. La famille royale nous fascine parce que c’est l’histoire d’une famille Ă l’image de nombreuses autres, avec ses hauts et ses bas. Chaque gĂ©nĂ©ration a ses figures de rĂ©fĂ©rence : Margharet, Elizabeth, Charles, Diana, Kate, Meghan, Harry…
Les visages de la Couronne
Comme dans toute bonne sĂ©rie, des personnages marquants rythment l’histoire. La famille royale nous a offert une palette de caractères plus intrigants les uns que les autres. Ces personnages hauts en couleur ont largement contribuĂ© Ă la fascination populaire pour la famille royale britannique.
Lady Diana, du conte de fées au drame
Il y a d’abord la lĂ©gende de Lady D. Son arrivĂ©e Ă Buckingham a rendu le feuilleton royal plus international que jamais. Alors que la famille royale perdait de sa superbe dans les annĂ©es 1970, la couronne cherche Ă tout prix Ă regagner le cĹ“ur du public. C’est alors que la Reine Elizabeth II et le prince Philip dĂ©cident d’organiser le mariage de leur fils Charles, Ă©ternel cĂ©libataire, avec une jeune femme qui passionnerait les anglais.es.
Diana spencer entre dans l’histoire. La jeune femme Ă peine âgĂ©e de 20 ans dĂ©passe toutes les espĂ©rances de la couronne puisqu’elle est immĂ©diatement adoptĂ©e par les Britanniques. Sa beautĂ©, sa politesse et surtout son humanitĂ© sĂ©duisent tout le monde.Â
HĂ©las, comme dans tout bon feuilleton, le conte de fĂ©es ne peut durer Ă©ternellement. Le prince Charles n’a d’yeux que pour une autre femme : Camilla Parker Bowles. Lady D dĂ©cide donc de bouleverser les codes en demandant le divorce. La famille royale est ulcĂ©rĂ©e, mais le peuple anglais se range du cĂ´tĂ© de cette femme bafouĂ©e qui humanisait enfin la couronne. Après son dĂ©part de la famille royale, Lady Diana continue de fasciner, mĂŞme 26 ans après son tragique dĂ©cès.
Les princes William et Harry
La mort de Lady Di a Ă©tĂ© un choc pour le monde entier. Tout le monde se souvient lĂ oĂą iel se trouvait en 1997, lorsque la voiture de la princesse percute une autre voiture sous le pont de l’Alma alors qu’elle tentait de fuir les paparazzis. Ă€ partir de lĂ , tous les yeux sont braquĂ©s sur ses enfants : William et Harry.
Ă€ l’enterrement, les images de ces deux orphelins de mère pleuvent, elles marquent les esprits. Tou.te.s parlent de la dignitĂ© du jeune William et de la profonde tristesse de son petit frère Harry. Alors, l’attention se cristallise sur les deux jeunes hommes, qui deviennent finalement les enfants d’un pays entier.Â
La princesse parfaite
Que serait un bon feuilleton sans ses histoires d’amour rocambolesques ? Ă€ nouveau, la famille royale nous offre un rĂ©cit Ă©pique bordĂ© de personnages emblĂ©matiques. En avril 2004, la presse rĂ©vèle l’idylle du prince William et d’une jeune Ă©tudiante de St Andrews : Kate Middleton. Les Britanniques craquent pour cette ravissante roturière dont leur prince est fou amoureux.
Le conte de fĂ©es de Kate fascine avec un mariage extraordinaire, une Ă©lĂ©gante entrĂ©e dans la famille royale et la naissance de ses trois adorables enfants. Depuis dix ans, celle qui est devenue la Duchesse de Cambridge est une vĂ©ritable It-Girl. Chacune de ses tenues, très souvent abordable, est recopiĂ©e Ă l’infini au point de se retrouver sold-out dans les heures qui suivent l’apparition de Kate Middleton devant les photographes.
La belle fille détestée
Meghan Markle semblait prĂŞte Ă emboĂ®ter le pas de Kate Middleton. HĂ©las, dès le dĂ©part, ses chances Ă©taient compromises. En effet, aussi naturelle, simple et Ă©lĂ©gante soit-elle, Meghan Markle multiplie les dĂ©fauts aux yeux de la famille royale : actrice, divorcĂ©e et amĂ©ricaine. Si la jeune femme de 36 ans faisait rĂŞver le monde entier, son parcours atypique n’a pas su charmer Ă©ternellement le royaume anglais.
Pourtant, les choses Ă©taient bien parties. L’idylle entre Meghan et le prince Harry avait rĂ©ussi Ă faire oublier toutes les frasques de celui-ci. Alors que les scoops people s’en rĂ©galaient, ils se sont dĂ©lectĂ©s de cette nouvelle histoire d’amour au palais. Leur mariage du 19 mai 2018 a d’ailleurs confirmĂ© la fascination du monde pour la famille royale.
Tout change deux ans plus tard, quand la rĂ©putation du palais est entachĂ©e par le dĂ©part des jeunes mariĂ©.e.s de la lignĂ©e Windsor. Meghan Markle, duchesse du Sussex, et le prince Harry decident de renoncer Ă la plupart de leurs engagements publics. Pire encore, iels quittent le territoire anglais pour s’installer de l’autre cĂ´tĂ© de l’ocĂ©an.
Si cette dĂ©cision n’a pas d’importance politique, elle brise la famille et le peuple. Le « Megxit« est sur toutes les bouches, la colère dans tous les cĹ“urs anglais. Dans ce feuilleton royal, il semblerait que l’arrivĂ©e de l’actrice de sitcom signe la fin de cette fascination inĂ©branlable. En effet, les prises de parole du couple, ainsi que la sĂ©rie The Crown, nous donnent Ă voir une facette de Buckingham qui dĂ©range.
Les mĂ©dias au service de la famille royale, l’ère de la peopolisation
Les rĂ©centes sorties de Meghan et d’Harry dĂ©rangent. Alors que les mĂ©dias Ă©taient jusqu’alors une arme pour Buckingham, ils l’ont cette fois desservi. C’est un vĂ©ritable badbuzz pour la firme Windsor (comme l’appelle le prince Philip) qui se considère clairement comme une marque dĂ©posĂ©e.
Et comme toute firme aussi puissante, pour rayonner, il faut une mettre en place une vĂ©ritable stratĂ©gie de communication. C’est ce qu’affirme la professeur amĂ©ricaine Cele C. Ones dans son ouvrage « Royal Fever : The British Monarchy in Consumer Culture » à la BBC. Philippe Chassaigne explique comme la famille royale s’est servie de la presse pour forger une forme de fascination.
« À la fin des années 1960, la politique de communication de la famille royale britannique a évolué. Auparavant, le Palais tenait la presse le plus loin possible. Mais avec le changement de personnel, on a mesuré l’intérêt que le public portait à la famille royale et on a pensé qu’il valait mieux coopérer avec la presse. »
La famille royale s’est ainsi adaptée à son temps, et avec succès. Sa présence dans les médias est très mesurée, très étudiée depuis les années 1970. Une exception est pourtant faite, aucun média ne résiste à titrer sur Lady Diana, qui déchaîne les passions.
C’Ă©tait d’ailleurs l’une des batailles principales de la jeune femme, poussĂ©e Ă bout par la presse. Ă€ sa mort, reprochĂ©e aux paparazzis, la famille royale passe un accord avec les mĂ©dias britanniques. En Ă©change de photos et nouvelles dissĂ©minĂ©es au compte-gouttes, les tabloĂŻds s’engagent Ă laisser les princes grandir loin des camĂ©ras et des scoops. Ce pacte s’est trouvĂ© pĂ©renne des annĂ©es durant, jusqu’Ă l’arrivĂ©e de Meghan Markle dans la famille.
Alors, la fascination populaire pour la famille royale semble s’effriter. Construite par le pouvoir et la presse depuis 50 ans, elle divise dĂ©sormais. Alors que les Britanniques restent indĂ©niablement les plus grand.e.s fans de la couronne, le reste du monde devient de plus en plus critique… Cependant, les expert.e.s s’accordent pour dire que la famille royale ne perdra jamais vraiment les cĹ“urs de ses fidèles, sur l’Ă®le comme Ă l’international, la fascination semble Ă©ternelle.