La France a vibré sous une vague d’indignation et d’espoir, le 23 novembre 2024. Dans plus de 80 villes, des manifestations ont rassemblé des milliers de personnes venues exprimer un ras-le-bol généralisé face aux féminicides, aux violences sexuelles et aux violences de genre. Ces rassemblements, qui ont précédé la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre, ont été marqués par des pancartes aussi percutantes qu’inoubliables. Elles portaient des messages forts nécessaires pour réveiller les consciences. Décryptage de ces messages qui frappent au cœur et ne laissent personne indifférent.
Des slogans puissants qui bousculent
Dans les rues de Paris, de Lyon, de Marseille et bien d’autres villes, les pancartes étaient partout. Dessus, des mots crus, des chiffres alarmants, mais aussi des éclats d’humour noir. Ces messages, portés par des militant·e·s, des familles de victimes et des anonymes solidaires, avaient une seule ambition : marquer les esprits et rappeler l’urgence d’agir. Certaines pancartes présentaient ainsi des statistiques glaçantes : « Une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon ». Ces chiffres, qu’on entend malheureusement trop souvent, prennent une nouvelle force quand ils sont brandis dans une marée humaine silencieuse ou criant des slogans. C’est impossible de les ignorer.
- « Violée en connaissant l’agresseur, comme 91 % des cas de viols » : un chiffre glaçant, rappelant qu’une majorité des violences sexuelles sont commises par des proches ou des connaissances des victimes. Cette pancarte incarne une statistique trop souvent ignorée ou minimisée dans le débat public.
- « Ceci n’est pas un consentement » : agrémentée d’une culotte rouge accrochée, cette pancarte fait écho à la notion essentielle du consentement, pointant du doigt la banalisation des gestes inappropriés et du harcèlement.
- « Ta main sur mon cul, sa main dans ta gueule » : une phrase percutante qui traduit la colère des femmes face aux comportements irrespectueux et à la persistance de la culture du viol.
La force de ces pancartes ne réside pas seulement dans leurs mots, mais aussi dans leur créativité. Certaines utilisaient des dessins percutants : des silences étouffés par des mains, des cœurs brisés, ou des silhouettes féminines enfermées derrière des barreaux symboliques. Ces images frappent avant même qu’on ait lu les textes. Les jeux de mots et l’humour noir étaient aussi au rendez-vous. Parmi les pancartes les plus remarquées : « On veut des roses, pas des croix », « Tes mains pour me faire jouir pas pour me faire souffrir » ou encore « Pour les douleurs et le sang, on a déjà nos règles ».
Ces phrases font sourire… avant de rappeler une réalité terrifiante. Mais l’humour n’était pas toujours présent. Certaines pancartes étaient simplement déchirantes. « Maman n’est plus là parce que la justice a fermé les yeux », écrivait une adolescente, probablement marquée par une histoire personnelle. Ces messages rappellent que derrière les statistiques, il y a des vies brisées, des familles détruites.
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Une marée humaine porteuse d’espoir
Si ces pancartes marquent autant, c’est parce qu’elles parlent à tout le monde. En quelques secondes, elles traduisent l’indignation et la tristesse en un message clair, que chacun·e peut comprendre et partager. Elles rappellent également une vérité cruelle : les violences faites aux femmes ne sont pas des événements isolés. Elles sont systémiques, enracinées dans des dynamiques de pouvoir et d’oppression. Les pancartes jouent ici un rôle essentiel : elles rendent visible l’invisible, elles donnent une voix à celles qui n’en ont plus.
Malgré le poids de ces messages, la manifestation du 23 novembre était aussi une célébration de la solidarité et de la résilience. La marée humaine était porteuse d’espoir. Parmi les slogans scandés, on pouvait entendre : « Nous sommes fortes, nous sommes fières, féministes et en colère ! ». Ces moments de communion rappellent que chaque voix compte, et que chaque pancarte, aussi petite soit-elle, contribue à un mouvement plus grand.
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Un appel à l’action
L’impact de ces pancartes ne s’arrête pas à la manifestation. Elles circulent sur les réseaux sociaux, elles alimentent les discussions, elles inspirent d’autres à s’exprimer. Mais pour que ce combat continue, il faut aller au-delà des slogans. Les manifestant·e·s l’ont rappelé : il est urgent d’agir concrètement. Renforcer les lois, protéger les victimes, sensibiliser les jeunes à l’égalité… Les pancartes sont une étincelle, mais c’est à chacun·e de transformer cette énergie en actions durables.
Ces pancartes ne sont pas que des bouts de carton. Elles racontent des histoires, partagent des vérités difficiles, et appellent au changement. Alors que les féminicides continuent de faire des victimes chaque année, il est crucial de continuer à dénoncer, à éduquer, et à agir pour bâtir un monde où chacun·e peut vivre librement, en sécurité et dans le respect.
Ces messages nous rappellent que la lutte contre les violences de genre est l’affaire de tou·te·s. Ensemble, nous devons amplifier ces voix, pour qu’un jour, elles ne soient plus nécessaires. Alors, la prochaine fois que vous verrez une pancarte comme celles-ci, n’hésitez pas à la partager. Elle pourrait bien être l’élément déclencheur qui pousse quelqu’un à réfléchir, à agir, à changer les choses. Faisons en sorte que les voix portées le 23 novembre continuent de résonner longtemps.