Le coming out est un moment très personnel. Certaines personnes le préparent dans leur tête pendant des années et imaginent tous les scénarios, tandis que d’autres le font spontanément lorsqu’elles sentent que c’est « le bon moment ». Si dans le cadre amical, cette révélation peut être profondément libératrice, dans le milieu professionnel, c’est un peu quitte ou double. Cette annonce qui relève de l’intime, peut mettre fin aux rumeurs, mais peut aussi nourrir les critiques et déchaîner les langues de vipère. La question « dois-je me révéler à mes collègues ou garder mon orientation sexuelle secrète ? » se pose automatiquement. Est-ce qu’il faut faire son coming out au bureau ou s’enfermer à double tour dans le placard et jeter la clé ?
Faire son coming out au travail, un avantage ?
Si vous appartenez à la communauté LGBT+, vous vous demandez peut-être si c’est une bonne idée de faire son coming out au travail ou s’il vaut mieux continuer de maquiller votre orientation sexuelle. Après tout c’est une information qui ne regarde que vous. Les hétéros n’ont pas besoin de préciser qu’ils le sont, alors pourquoi vous ? À vos yeux, ce n’est qu’un simple détail, rien de plus. Alors vous préférez entretenir le secret. Sauf que voilà, en prenant ce parti, vous avez l’impression de trahir qui vous êtes et de jouer un rôle.
Tandis que vos collègues hétéros parlent ouvertement de leur sortie romantique au restau ou de leur week-end avec leur chéri.e, vous esquivez le sujet. Pire, vous vous inventez une vie par « sécurité ». Laisser planer le mystère, c’est aussi ouvrir la porte aux envahissants « on dit » et donner un bel os à ronger aux commères de la boîte. Même si faire son coming out au travail est encore loin d’être une évidence, c’est parfois nécessaire.
Une fois que c’est fait, vous pouvez enfin diriger toute votre énergie vers votre travail et vos passions, au lieu de gaspiller cette précieuse force mentale à surveiller vos paroles ou vos gestes. Un coming out au bureau peut aussi renforcer votre confiance et améliorer vos relations professionnelles. En vous dévoilant, vous invitez vos collègues à mieux vous connaître et à établir une relation plus authentique.
Les risques de faire son coming out au travail
Selon un sondage mené par le cabinet Boston Consulting Group (BCG) en partenariat avec le média TÊTU, 36 % des actif.ve.s français.es pensent que faire son coming out est un désavantage qui peut nuire à leur carrière. Il faut dire que cette annonce n’est pas toujours bien accueillie et peut vite se retourner contre vous. Le coming out, supposé être un acte émancipateur, se transforme alors en arme de destruction. Vous vous retrouvez pris.e au piège.
Dans les pires cas, un coming out peut provoquer des microagressions, un isolement social ou même nuire à votre avancée professionnelle. Vous avez l’impression de revivre ce que vous avez déjà enduré au collège. Si vous évoluez dans un environnement de travail toxique, mieux vaut rester évasif.ve sur votre vie privée et vous contenter des banalités. Le milieu professionnel est encore hostile à la différence et ça se ressent dans les chiffres. D’après le dernier baromètre de l’association L’Autre Cercle et l’IFOP, près de trois employés LGBT+ sur dix (28 %) déclarent avoir été victimes d’au moins une agression LGBTphobe au travail.
Vous devez aussi penser à votre propre confort et vous préparer mentalement à la curiosité mal placée de vos collègues. Êtes-vous prêt.e à répondre à leurs questions, parfois maladroites ou intrusives ? Êtes-vous à l’aise avec l’idée de faire de la « pédagogie » autour de vous ? Ces réalités ne doivent pas vous retenir si vous êtes déterminé.e, mais elles méritent réflexion.
Les clés pour réussir son coming out au travail
Faire son coming out au travail est délicat. Même si vos collègues ne comptent pas beaucoup pour vous, vous les croisez quand même 5 jours sur 7 et 8h par jour. Alors forcément vous appréhendez leur réaction. Vous ne savez pas toujours comment amener le sujet. Est-ce que vous devez faire une annonce « générale » ou essaimer l’information en individuel et laisser le bouche-à-oreille faire les choses ? Est-ce que vous devez vous montrer solennel ou plutôt chill ? Il n’y a pas de « bonnes ou mauvaises » méthodes. Ce qui compte c’est que vous vous sentiez « prêt.e ».
- Analysez l’environnement de travail : votre entreprise affiche-t-elle des valeurs d’inclusion ? Y a-t-il des politiques contre les discriminations ? La réponse à ces questions peut influencer votre décision.
- Commencez avec une ou deux personnes de confiance : parlez d’abord à un.e collègue ou à un.e supérieur.e en qui vous avez confiance. Vous avez forcément des allié.e.s dans votre boîte. Vous pouvez aussi passer par les RH pour que l’annonce se fasse en bonne et due forme.
- Choisissez le bon moment et le bon ton : vous n’avez pas besoin d’organiser une annonce formelle. Une discussion naturelle, dans un moment approprié, peut être tout aussi impactante. Vous pouvez simplement glisser l’information dans une conversation lambda lors du déjeuner. Si vous êtes gay, vous pouvez sobrement dire : « Ce week-end on a fait de la patinoire avec mon copain ». Vos collègues n’y feront peut-être même pas de cas.
- Informez-vous sur vos droits : selon votre pays ou votre région, des lois protègent les employé.e.s LGBTQ+ contre les discriminations. Connaître vos droits peut vous aider à vous sentir en sécurité.
Et si ce n’est pas le bon moment ?
Ne vous sentez jamais obligé.e de faire votre coming out si cela ne vous semble pas juste ou si les risques sont trop élevés. Votre sécurité émotionnelle et professionnelle doit rester la priorité absolue. Si vous choisissez de ne pas vous dévoiler pour le moment, cela ne fait pas de vous quelqu’un de moins courageux ou authentique. Vous êtes le.a seul.e à pouvoir déterminer ce qui est le mieux pour vous.
Faire son coming out au travail n’est pas une nécessité absolue. Cet acte doit vous soulager, pas vous peser. Le plus important c’est qu’intérieurement, vous soyez en phase avec vous-mêmes. En brisant le silence, vous pouvez servir d’exemple. Sinon, vous pouvez aussi faire un PowerPoint sur la tolérance…