Le Black Friday suscite la polémique : quelles sont les alternatives ?

Ce vendredi 29 novembre marque une nouvelle édition de la célèbre journée de promotions : le Black Friday. Une tradition shopping venue des États-Unis à laquelle la France a succombé en 2013. À coup de promotions « énormes » et d’opérations dites « exceptionnelles », les enseignes françaises proposent des prix cassés en nous bombardant d’affiches publicitaires. Si bon nombre de consommateurs apprécient cette opération de promotions, l’événement ne fait pas l’unanimité. Surproduction, gaspillage, gaz à effet de serre… des voix s’élèvent pour dénoncer ce « vendredi noir ».

Pourquoi le Black Friday suscite la polémique ?

> Parce que la planète suffoque

Difficile de passer à côté du Black Friday… Vous-même allez peut-être céder aujourd’hui à cette frénésie de shopping. À un mois des fêtes de Noël, les critiques se font pourtant de plus en plus vives contre cet événement, et pour cause ! Consommation, surconsommation et surproduction s’unissent sous la bénédiction de promotions délirantes. Et ce qui est sûr c’est que le Black Friday, ce n’est pas une bonne affaire pour tout le monde. Un cauchemar pour la planète même.

« Il n’y a rien de mal à économiser pour s’offrir quelque chose dont vous avez besoin pendant cette période de promotions. Mais cela vaut le coup de se demander si on en a réellement besoin. Quand nous cédons à ces promotions et rabais, nous signifions aux entreprises qu’elles peuvent impunément produire à l’excès, au détriment des employés et des ressources naturelles », explique Bronwyn Seier, de l’organisation britannique Fashion Revolution, dans le magazine américain Teen Vogue.

Parfois déjà bien équipés, les consommateurs sont en effet tentés d’accumuler les vêtements, chaussures ou encore électroménagers qui affichent de super promotions. Des milliers d’euros dépensés en biens souvent inutiles (3 t-shirts au prix d’un… en avons-nous réellement besoin ?), des émissions records de CO2 pour fabriquer les produits et les expédier, le pillage des ressources naturelles nécessaires à la fabrication de gadgets électroniques… Et un cout humain, parce que comme le précise le fondateur du collectif Make Friday Green Again, Nicolas Rohr :

« Le constat est que deux tiers des Français déclarent avoir acheté un ou plusieurs vêtements qu’ils n’ont presque jamais porté et 60% d’entre eux possèdent jusqu’à dix vêtements qu’ils n’ont jamais sorti de leur placard. En plus de ça, cette journée rend précaires les emplois en ne rémunérant pas les fabricants, les marques et les magasins au juste prix. Elle participe aussi au dérèglement climatique en encourageant la surproduction. On observe d’ailleurs chaque année un pic de pollution pendant le Black Friday en raison des livraisons. »

> Parce qu’attention au greenwashing

« Un arbre planté pour chaque achat effectué », « Des sachets de graines offerts pour nourrir et prendre soin des oiseaux de vos jardins », « Nous nous engageons à (…) », « Nos usines emploient des travailleurs dans des conditions éthiques »… Pour Jean-Paul Raillard, président de la Fédération Envie et de l’association Green Friday les marques qui clament leur refus de ce vendredi noir doivent « aller au bout de la démarche et trouver un message qui soit plus raisonnable et durable ».

« Lutter contre le Black Friday et la surconsommation, c’est bien. En profiter pour faire sa pub, ça l’est moins. Pour le consommateur, il y a un manque de transparence criant. Je ne vais pas faire de procès d’intention pour de simples termes de communication mais une poignée de marques font désormais de leur refus du Black Friday un argument marketing. Il faut donc reconnaitre que c’est difficile de trier le vrai du faux dans la jungle de ce greenwashing. Il n’est pas question de culpabiliser les consommateurs, ce qu’on veut c’est simplement éviter la surconsommation. »

> Parce que nous n’avons pas besoin d’une carte bleue pour être belle

Produits antirides qui « gomment les rides d’expression » ; jeans « pour de belles fesses » ; astuces beauté pour « devenir chaque jour plus jolie » ; crème amincissante et raffermissante « pour préparer l’été » ; « Beauty is good » ; régimes qu’il faut « absolument tester pour être au top » ; conseils pour une bouche « sensuelle et féminine en se maquillant à la perfection » ; gel douche pour « une peau douce » ; astuces pour perdre « ces deux satanés petits kilos avant l’été » ; conseils pour « être plus attirante »… les mots utilisés par les marques en disent long sur ces injonctions esthétiques.

Aujourd’hui, dans notre société, il est quasiment impossible de passer à côté des diktats de la beauté et de la mode. Ils apparaissent partout : à la télévision, sur Internet, dans nos magazines préférés et en période de Black Friday ils sont plus que jamais à la portée et au regard de tous et toutes.

Omniprésents et insistants, ces critères de beauté nous pèsent et surtout enferment la femme dans une série de contraintes aussi coûteuses qu’exigeantes. Tout pousse à croire qu’il faut bien souffrir, et payer, pour être belle… Pourtant non, nous n’avons pas besoin d’une carte bleue pour être belle ! Il y a de la beauté à trouver en chacune de nous avec ou sans cette « crème à tester d’urgence pour une peau parfaite ».

« Quand je me déshabille, je me souviens de moi, qui je suis, pure, brute, simple. Mon corps est mon existence. Je ne suis pas mes vêtements, ni mes chaussures, ni mes accessoires.
Et quand je regarde ma nudité, je regarde enfin qui je suis vraiment, sans avoir à me cacher derrière quelque chose.
Mon corps me regarde dans le miroir, et je l’admire en retour », Milena Paulina

6 initiatives écologiques et responsables contre le Black Friday

Vous êtes horrifié devant autant de consommation et par l’impact environnemental catastrophique de cet évènement commercial annuel ? On vous comprend et on vous présente à présent des initiatives alternatives pour avoir une consommation raisonnée durant le Black Friday.

1 – Le Green Friday

Bientôt la fin du Black Friday ? De nombreuses campagnes anti-Black Friday fleurissent en tout cas dans l’hexagone comme à l’étranger et appellent au boycott. C’est le cas de l’association Green Friday.

Lancée en 2017, ce collectif d’associations et d’entreprises propose une alternative à ce mode d’achats effrénés. Cette année c’est près de 400 acteurs qui non seulement refusent de participer au Black Friday, mais prônent une consommation responsable et raisonnée.

« L’idée du Green Friday est d’apprendre à consommer différemment et à lutter contre la surconsommation liée au Black Friday. Ateliers de sensibilisation à la consommation responsable, tutoriels en ligne, outils pour partager nos objets entre voisins… l’objectif est de mettre en lumière de nombreuses alternatives plus durables dans toute la France afin de sensibiliser et inciter le consommateur à devenir consom’acteur », explique Thibaut Ringo, DG d’Altermundi, entreprise d’insertion au commerce équitable.

2 – L’entreprise La Camif ferme son site

Alors que les distributeurs et enseignes multiplient les annonces en vue du Black Friday, pour elle ce sera non. Ce vendredi 29 novembre, vous ne trouverez aucune promotion sur la Camif.fr. La marque de meubles durables a tout simplement décidé de fermer son site.

« C’est la troisième année que nous boycottons cet événement. Chaque année, un ménage français consomme 34 tonnes de matières premières, l’équivalent d’une piscine olympique d’eau, de 4 terrains de football de terre et 11 tonnes de CO2. Le Black Friday représente l’inverse de ce que nous prônons à la Camif : cette consommation rendue compulsive par un matraquage à faire perdre la raison, qui n’a aucun sens ! Lors de ce fameux jour le rabais réel n’est que de 2%. Les fausses promotions sont légion. Le vrai coût des prix bas est d’abord social et environnemental. Notre décision de fermer notre site Camif.fr ce jour n’a pas pour but de culpabiliser le consommateur, mais de lui ouvrir les yeux sur le pouvoir qui est le sien. »

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#JeMeDeconnectePourLaPlanete ⁣Parce que changer le monde de l’intérieur, ce n’est pas qu’un slogan c’est un engagement. Aujourd'hui pas de Black Friday, on déconnecte ! ? ⁣ ⁣Pionnier de l’entreprise à mission, nous croyons à la place de l’entreprise dans le débat de société. Et parce que les bonnes pratiques vont au delà de l'entreprise, aujourd'hui, ce n'est pas seulement en tant que collaborateurs Camif que nous agissons mais en tant que citoyen. ⁣ ⁣Et vous pouvez agir aussi : ?? Rejoignez-nous dans nos locaux à Niort ⁣? Participez à nos ateliers écoreponsables ⁣? Echangez avec chacun d'entre nous ⁣✊ Et si vous ne pouvez pas être là, notre site est fermé mais plein de bonnes actions y sont proposés ! ⁣ ⁣Continuons à faire tourner notre planète ! ? ⁣#blackfriday #consommationresponsable #greenfriday #planete #goodplanet

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3 – Le Block Friday

Certains vont encore plus loin dans la contre-offensive avec le Block Friday. Plusieurs dizaines de militants de mouvements écologistes ont fait le choix de bloquer, hier jeudi 28 novembre, un centre de distribution du géant Amazon en région parisienne. Le but ? Ralentir le Black Friday de la société américaine et dénoncer, là aussi, les atteintes à l’environnement engendrées par la surconsommation liée à ce jour.

Le site en ligne WeDressFair dont l’ambition est de démocratiser la mode responsable, a choisi de sensibiliser, plutôt que de seulement protester. L’idée ? « Utiliser le vocabulaire promotionnel qui sert à titiller notre envie d’acheter et le détourner avec le #BlockFriday pour faire réagir (et sourire), dans l’esprit des affiches de prévention ».

Chez WeDressFair, on croit fermement dans le pouvoir de l’exemple et de la pédagogie, pour faire changer les comportements « parce que si on n’avait pas besoin d’un nouveau jean la semaine dernière, il y a peu de chances qu’on en ait besoin le jour du vendredi noir… ».

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✊ Rejoignez le mouvement #BLOCKFRIDAY by WeDressFair. ✊ . Le Black Friday est l'incarnation d'un modèle auto-destructeur, où surproduction et surconsommation s'unissent sous la bénédiction de promotions délirantes à -70%. Tout ça pendant qu'on s'époumone sur les sujets d'épuisement des ressources naturelles, de menaces à la biodiversité, d'amoncellement des déchets… . Pour protester, on a choisi de fermer le site et la boutique. Et on s'est creusé la tête à détourner les mots du jargon promotionnel qui nous hypnotisent tant. Parce que la seule réduction qui compte, c'est celle de notre empreinte écologique ! . Envie de rejoindre le mouvement ? . ✍ Ecrivez vos propres punchlines dans les commentaires, maintenant c'est à vous de jouer ! (On repartagera les meilleures – vous pouvez reprendre le modèle de la dernière photo) . WeDressFair, pour une mode plus juste. . #blackfriday2019 #wedressfair #byebyefastfashion #moderesponsable #slowfashion #modedurable #modeethique

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4 – Le collectif Make Friday Green Again

La marque de vêtements et de chaussures Faguo a réuni plus de 450 marques qui ne feront pas le Black Friday cette année, sous le collectif Make Friday Green Again. Pas de prix cassés pour ces enseignes donc qui à la place s’engagent à communiquer sur une « consommation raisonnée et responsable ».

« Nous ne voulons pas participer à cette journée infernale de surconsommation imposée par le marché. Il faut consommer moins, mais mieux. Il faut consommer ce dont on a vraiment besoin et au prix juste. Consommer c’est voter. En choisissant des marques responsables, chaque consommateur peut reprendre le pouvoir qui est le sien et agir concrètement pour une consommation durable et engagée. Réparons, donnons, vendons ou recyclons le superflu pour créer une économie circulaire et moins puiser dans les ressources de la planète ! », estime Make Friday Green Again.

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#makefridaygreenagain : FAGUO a réuni plus de 450 marques qui ne feront pas le Black Friday. Nous encourageons à profiter du vendredi 29 novembre pour trier, revendre et recycler le superflu afin de voir ce dont nous avons vraiment besoin. Nous voulons recréer du sens et restaurer une consommation raisonnée. Consommer ce dont on a vraiment besoin et au prix juste. Nous vous invitons par exemple à venir déposer vos baskets, vêtements, sacs dans nos bornes de tri et de recyclages disponibles dans les 25 boutiques FAGUO. – FAGUO gathered more than 450 brands that won't take part in the Black Friday. We encourage everyone to use this Friday, November 29th to sort, resell and recycle the superfluous goods they have in order to know what we really need. We want to restaure a meaningful and reasoned consumption. Consume what we really need at the fair price. We invite you, for example, to drop your sneakers, clothes, bags in our sorting and recycling boxes availabale in each of the 25 FAGUO stores located in France. #faguo #mode #mfga#upcyclingfashion #upcycling #blackfriday #noblackfriday #reason #fashionsustainability #sustainablefashion #sustainableliving #sustainable

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5 – Le Vrack Friday

L’enseigne iconique de la grande distribution bio Naturalia a, quant à elle, choisi de détourner le Black Friday en mettant en place une campagne toute en jeux de mots baptisée : Vrack Friday. Un détournement qui donne lieu à des messages/lettres en vrac puisque les produits le sont, par exemple « Naturalia » devient « Nataraliu ».

Des messages simples, positifs et engagés mis en scène sur des affiches et diffusés sur les réseaux sociaux avec une seule ambition : sensibiliser les Français au « mieux consommer » et leur rappeler qu’il est facile d’adopter des habitudes positives pour l’environnement.

©Altmann + Pacreau
©Altmann + Pacreau

6 – Le RedFriday

Parce que dans le monde des millions de personnes menstruées vivent dans la précarité menstruelle et doivent encore, à l’aube de 2020, choisir entre un paquet de pâtes ou des protections hygiéniques. Camille du compte Instagram Je m’en bats le clito et l’association Règles Élémentaires s’associent jusqu’au 1 décembre pour venir en aide aux plus démunies et dire stop à cette précarité menstruelle.

Près de 60 heures de collecte dans l’hôtel parisien The Hoxton pour sensibiliser et lever, une bonne fois pour toutes, les tabous sur les règles.

« J’étais motivée par le Black Friday qui est un événement que je déteste donc j’ai eu envie de jouer la provoc et de surfer sur cette vague de surconsommation de masse pour faire du bien. Le tabou des règles m’a toujours énervée car je pense que je ne comprendrai jamais pourquoi il y a tabou, même si, si tu réfléchis 2 minutes, tu comprends que c’est parce que ça sort du sexe de la femme et qu’il est tabou. Je veux faire du flux et faire du bruit avec le #RedFriday », explique Camille sur le compte Instagram de Règles Élémentaires.

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Ce week-end, chapeauté par @jemenbatsleclito & @regleselementaires c’est #laredfriday ! ❤️ Près de 60 heures de collecte contre la précarité menstruelle, à @thehoxtonhotel. Une belle initiative pour venir en aide aux plus démunies. Parce que dans le monde des millions de personnes menstruées vivent dans la précarité menstruelle et doivent encore, à l’aube de 2020, choisir entre un paquet de pâtes ou des protections hygiéniques. Une précarité menstruelle qui peut avoir de graves conséquences (exclusion, décrochage scolaire, infections…). ~ Sensibilisons et levons ENSEMBLE, une bonne fois pour toute, les tabous sur les règles ✊? ?@aurore.thill . . . #thebodyoptimist #bodypositive #laredfriday #precaritemenstruelle #jemenbasleclito #regleselementaires #solidarité #sororite

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Quand on sait qu’il faut, par exemple, plus de 10 000 litres d’eau pour fabriquer un seul jean – soit environ un mois d’utilisation totale de l’eau pour un individu moyen – l’empreinte écologique de cette consommation effrénée est loin d’être négligeable. Chose à laquelle on a plutôt tendance à ne pas penser au moment de l’achat…

Et vous, que pensez-vous du Black Friday ? Êtes-vous pour ou contre ? On attend vos réactions sur notre forum.

Elodie Pimbert
Elodie Pimbert
Journaliste « touche à tout », je suis Content Manager et rédactrice web pour le média The Body Optimist. Je m'intéresse à des sujets variés (écologie, sexualité, lgbtqia+, beauté, décoration, etc.) et ai à coeur de déconstruire les préjugés, stéréotypes et normes de notre société. Je scrute le web à l’affût des dernières évolutions et tendances. Ce n'est donc pas un hasard si j'écris et fais grandir depuis plusieurs années The Body Optimist.
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