Une amende prévue à la rentrée si vous récupérez vos enfants en retard ?

Le portefeuille des familles, déjà bien amaigri par les vacances estivales et les achats de la rentrée, risque de se vider un peu plus au mois de septembre. Les parents qui ne se montrent pas ponctuels à la sortie des classes risquent de le payer cher et de se faire rappeler à l’ordre. Ils pourraient écoper d’une pénalité de 30 € si ce scénario, plutôt commun, venait à se concrétiser. Une amende jugée « injuste » et « culpabilisante » pour les parents qui récupèrent leurs enfants en retard. Cette sanction n’a pas une portée nationale, mais certaines mairies ont d’ores et déjà pris leur décision. C’est le cas par exemple à Toulouse. Aller chercher votre enfant à l’école va probablement se transformer en course contre la montre…    

Une amende de 30 € qui ne concerne pas toute la France

Alors que la rentrée est encore loin, une nouvelle mesure fraîchement sortie plonge les parents dans la tourmente. Pour cause, elle frappe directement sur leur budget, pourtant déjà bien malmené avec l’inflation et l’achat des fournitures scolaires. Elle concerne les parents qui ne sont pas vraiment amis avec les horloges et qui peinent à arriver à l’heure devant les grilles de l’école. C’est la ville de Toulouse qui l’a initiée. Dès la rentrée prochaine, elle va mettre une amende aux parents qui récupèrent leur enfant en retard, bien après le gong, à la garderie ou au CLAE (Centre de Loisirs Associé à l’École). Dans la même veine que la « taxe lapin » pour les rendez-vous médicaux qui ne sont pas honorés, cette « taxe retard » vise à discipliner les parents.

« Tout retard enregistré le soir pourra donner lieu à la facturation d’un forfait de 30 euros correspondant au coût salarial des deux animateur.rice.s qui se voient contraint.e.s de rester », a justifié la mairie de la ville rose

Une punition drastique qui fait bondir les principaux concernés, déjà dans l’impasse financière. Alors que les familles déboursent en moyenne entre 900 € et 1700 € par an pour que leurs enfants puissent accéder au savoir, elles se voient affublées de frais supplémentaires. Or, être en retard dépend rarement de leur volonté. Entre les embouteillages, les imprévus de dernière minute et les urgences au travail, difficile de garder le bon tempo. Mais Toulouse se défend et confirme que le problème est devenu trop « récurrent ». Selon ses déclarations, la capitale occitane recense 8000 retards chaque année, ce qui se répercute sur la vie professionnelle et personnelle des animateur.ice.s.

Cette amende, qui risque de vous tomber sur le coin du nez si vous récupérez vos enfants en retard, a donc avant tout une visée pédagogique. D’ailleurs, cette pénalité n’est pas inédite. Elle s’applique déjà dans d’autres villes comme Strasbourg, Lille, Bordeaux et Marseille. En Province aussi, l’idée a fait son chemin. À Armentières, dans le Nord, une pénalité de 5 euros est appliquée, seulement après plusieurs rappels.

Une mesure jugée « injuste, nulle et vexatoire »

Rectifier les retards des parents avec autant de sévérité n’a pas vraiment plu aux associations de parents d’élèves et autres acteurs de la ville de Toulouse, qui se sont tous empressés de réagir. « C’est une mesure injuste, nulle, vexatoire et probablement inefficace aussi », fustige Eric Pinot, président départemental de la FCPE. Il estime qu’elle ne prend pas en compte la réalité parentale et craint qu’elle se destine essentiellement aux familles monoparentales, sur tous les fronts.

La plupart de celleux qui s’opposent à ce « cadeau empoisonné de la rentrée » dénoncent une mesure superficielle et moraliste qui ne tape pas au bon endroit. Alors que les classes sont en surcharge et que les profs manquent à l’appel, attribuer un tel bonnet d’âne aux parents n’est pas vraiment la priorité numéro une. Cependant, pour calmer la grogne et rassurer les parents, déjà dans tous leurs états entre les pâtés de sable et les transats, expliquent que cette pénalité ne s’appliquera qu’en cas de retards abusifs. Elle est à destination « des parents qui – de manière régulière et sans qu’on arrive à les joindre, ou à joindre les proches qui figurent sur la fiche contact – ont parfois jusqu’à une heure et demie de retard et ne préviennent pas ».

En conclusion, vous pouvez échapper à cette amende si vous récupérez vos enfants avec un léger retard de cinq ou dix minutes. Vous avez donc une petite marge pour éviter de passer pour un.e cancre et de finir catalogué en « mauvais.e élève » pour toute l’année scolaire…

Quels résultats dans les autres pays ?

Cette amende, qui peut vite vous ruiner si vous récupérez vos enfants en retard, est un peu l’équivalent de la gommette rouge sur le carnet scolaire des bambins. Mais est-ce vraiment la bonne méthode pour « donner une leçon » aux parents qui n’ont pas la notion du temps et qui sont à des kilomètres de l’école ? Pas sûr. Cette mesure a déjà été mise à l’épreuve dans d’autres pays et les résultats sont assez nuancés.

Comme le pointe le média La Croix, elle s’est avérée totalement contre-productive dans une ville israélienne. Les parents devaient payer 2,50 € pour un retard de 10 minutes ou plus. Au lieu de voir cette amende comme une tare, ils la voyaient plutôt comme un « service facturé ». Les parents ne sont alors pas « améliorés » et les retards ont même augmenté. En Australie, l’essai a été plus fructueux. Avec l’instauration de cette amende, les parents sont beaucoup plus attentifs aux aiguilles de leur montre.

Cette amende qui se présage si vous récupérez vos enfants en retard laisse perplexe. Alors que les parents vont dépenser près de 430 € pour la rentrée, elle s’esquisse comme un énième piège financier. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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