6 préjugés sur les grosses qui font du sport à mettre KO

Les préjugés sur les personnes rondes/grosses ont la peau dure et s’exportent jusqu’à la salle de gym. Une femme ronde/grosse qui fait du sport s’attire encore les regards critiques et les médisances. « Elle fait du sport pour maigrir », « elle ne va pas tenir plus d’un mois », « son cardio risque de prendre cher »… ces clichés qui collent aux baskets des personnes rondes/grosses méritent de prendre une raclée comme on dirait dans le jargon sportif. En voici 6 à balayer pour enfin remporter le Grand Chelem de la tolérance. 

Rappelons que le mot gros/grosse n’est pas un gros mot. Être gros.se n’est pas une honte.

Elles ne pratiquent que des sports « doux »

Les personnes rondes/grosses ne se limitent pas uniquement à des sports de sénior, réputés « tranquilles » comme la nage ou le yoga. Les courbes généreuses sont trop souvent comparées à un handicap dans la pratique sportive dite « active ». Pourtant, nul besoin d’avoir des abdos saillants et un fessier en béton armé pour mettre sa force à l’œuvre. La puissance des muscles ne se cantonne pas à une silhouette dessinée au millimètre, au contraire.

Il est donc fort probable qu’une personne ronde mette à l’amende un corps bodybuildé au gré d’un soulevé de terre ou d’un développé couché. Même si les sports à impact comme la course à pied sont plutôt déconseillés pour les articulations, les autres activités dynamiques ne sont en aucun cas incompatibles avec les rondes.

Flirter avec la fonte, chausser les gants de boxe ou encore balancer ses hanches sur des titres de zumba… les sports animés ne font pas de différence. Même si beaucoup estiment que les rondeurs n’abritent que de la graisse, sous ces courbes se cache en fait une puissance sous-estimée.

Elles n’ont aucun cardio

Beaucoup s’imaginent qu’une personne ronde/grosse sera essoufflée au bout de cinq minutes d’exercice et qu’elle ne tiendra pas le rythme. À tort. Pour rappel, l’endurance n’a rien à voir avec la taille ou le poids. Elle dépend surtout de la résistance cardiaque. Plus le cœur sera entraîné, plus il supportera l’effort sur la durée.

Aux oubliettes donc l’image de la fille ronde/grosse au bord de l’asphyxie et dégoulinante de sueurs après quelques montées de marche. Le cardio est à la portée de toutes les formes. Une silhouette svelte peut avoir un cardio limité tandis qu’une morphologie plus généreuse peut parcourir plusieurs kilomètres à vélo sans fléchir.

Elles font du sport pour maigrir

C’est certainement l’un des clichés les plus répandus sur les personnes rondes/grosses qui font du sport. La société associe encore trop souvent le sport à la perte de poids et omet tout l’aspect « plaisir ». Ce constat compte double pour les rondes. Dans l’imaginaire collectif, une personne plus size qui va s’inscrire à la salle est toujours motivée par le souhait d’une transformation physique. Et les photos « avant, après » spectaculaires ne font que perpétuer cette idée.

Cependant, la pratique sportive ne répond pas toujours à un objectif minceur. Loin de là. Le sport est un excellent médiateur pour mieux cohabiter avec ses courbes. Il défoule, libère des pensées parasites et assiège la confiance en soi. Pas question de devenir esclave des standards de beauté en faisant du sport, simplement de prendre conscience de la valeur inestimable de son corps, qu’importe ses particularités. Pour les personnes rondes/grosses, le sport est surtout une passerelle vers l’acceptation de soi. Il apporte une sensation de bien-être et de vitalité qui dope la bonne humeur.

Les personnes rondes/grosses n’y connaissent rien

Selon les aprioris, les rondes/grosses feraient du sport de façon superficielle, sans aucune base solide. Or, poser ses pieds sur des pédales ou mettre en route un tapis de course ne demande pas des compétences mentales incroyables. Aux dernières nouvelles, le cerveau ne fonctionne pas avec les courbes, mais avec la tête. Dans les salles de sport, temples de l’exubérance musculaire, les personnes rondes sont rarement prises au sérieux.

Un culte d’infériorité qui n’a strictement rien à faire entre la fonte et les tapis en mousse. Même si certains mouvements physiques demandent une agilité et de la pratique, le sport reste plutôt instinctif. Personne ne nous a appris à faire du vélo et pourtant c’est venu tout seul (malgré quelques chutes). De plus en plus de coachs sportives piétinent ces clichés à coup de semelles rembourrées. C’est le cas de Lisa Nasri, aussi connue sous le nom de Happy Fit sur Instagram. Elle prouve que le sport de niveau « avancé » ne se restreint pas à un gabarit « type ».

Elles ont moins de volonté que les autres

Puisque dans la pensée collective, les rondeurs sont des marqueurs de fainéantise ou de paresse aiguë, les personnes rondes/grosses qui font du sport seront forcément moins investies et plus soumises à l’abandon pendant leur séance. Foutaise ! La volonté est une conviction qui va au-delà des chiffres indiqués sur la balance. D’ailleurs, le sport n’est pas censé être ritualisé ni dépendre d’un programme intransigeant.

C’est surtout un choix personnel qui appartient à chacun.e. Les personnes rondes/grosses sont même plus méritantes que les autres puisque pour s’adonner au sport, elles doivent s’exposer aux regards indiscrets et à un body shaming ambiant. Une hostilité palpable qui a de quoi ralentir l’enthousiasme. Et pourtant, bien souvent, c’est elle qui forge la ténacité.

Ce ne sont jamais des athlètes

Si les athlètes rondes/grosses sont peu valorisées dans les médias, elles ne sont pas pour autant inexistantes. Du haut de leur discipline, elles s’attèlent à démanteler les malentendus et à rebâtir une légitimité à toutes les rondes qui font du sport. Sarah Robles raflait ainsi une médaille de bronze aux JO en 2016 pour l’épreuve d’haltérophilie.

Son nom sonne étranger et pourtant, c’est l’une des athlètes plus size les plus puissantes dans le soulevé de terre. Elle ne démérite pas son surnom de « la personne la plus forte d’Amérique ». Même parcours florissant pour Amanda LaCount, danseuse au talent inné qui a explosé le compteur des vues sur les réseaux avec ses chorégraphies endiablées.

Briser les préjugés et stéréotypes associés aux femmes rondes ou grosses qui pratiquent une activité physique est un pas essentiel vers une société plus inclusive et bienveillante. Le sport n’appartient à personne en particulier. Chacun.e, quel que soit son poids ou sa forme, peut profiter des avantages du sport, tant sur le plan physique que mental.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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