She, her, they : voici pourquoi afficher ses pronoms sur les réseaux compte plus que vous ne le pensez !

Dans la description d’Instagram ou sur la bio de Twitter, de plus en plus de personnes s’introduisent avec des pronoms pour poser les termes et éviter le mégenrage. Parfois considérés comme de simples détails, ce sont en fait de précieux marqueurs d’identité. Loin d’être « de trop » sur les profils perso ou pro, ils tirent la communauté LGBT de l’ombre. Plus précis qu’un émoji à la gloire du drapeau arc-en-ciel, les pronoms valent presque plus que le prénom ou le pseudo. Ils permettent de se définir au-delà de l’apparence et ça ce n’est pas permis hors des pixels. Afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux peut paraître anecdotique aux yeux de certain.e.s. Mais ces petits qualificatifs ont du sens et de l’impact.

Clamer son identité au-delà de la binarité

En 2021, la chanteuse Demi Lovato, star de « Camp Rock » et auteure de « Heart Attack », ajoutait un complément d’information à sa description Instagram. Elle se présentait avec les pronoms « they/them, she/her » pour se proclamer non-binaire et clarifier son genre. Ce petit supplément n’avait pas échappé à sa communauté de fans. Elliot Page, acteur phare de la série « Umbrella Academy » adoptait la même démarche dans le sillage de son coming-out trans. Désormais, les pronoms « he/they » sont collés à son prénom.  Stars ou gens lambdas, de plus en plus de personnes remplissent cette « case » fraîchement élargie et s’émancipent du conventionnel « il » et « elle ».

Afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux et même dans sa signature de mail n’est pas une simple question de grammaire et encore moins un « effet de mode ». C’est un acte libérateur pour sortir des carcans hétéro-normés et faire valoir son identité. Ces pronoms plantent le décor et permettent de se désigner le plus justement possible. Éclairants, éducatifs et émancipateurs, ces titres érigés en pôle position du profil donnent le ton. C’est un étendard inclusif, plus cher que n’importe quel autre symbole.

Sensibiliser le grand public (et économiser de l’énergie)

Les personnes qui en font usage souhaitent avant-tout limiter les confusions et les mauvaises appellations. Le mégenrage est une expérience particulièrement douloureuse, voire invalidante. D’où l’importance de compléter cette ligne en haut de page et d’afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux. Ainsi, plus besoin de faire la police dans les DM ou les commentaires et d’expliquer que le sexe biologique n’est pas toujours une valeur « fiable ».

Depuis que les réseaux sociaux ont étoffé leur gamme de pronoms dans les paramètres, les utilisateur.ice.s ont plus de choix pour s’incarner. Ces quelques petites lettres, qui se fondent désormais dans les feeds, comptent triple. Ordinairement, se ranger derrière des étiquettes n’est pas la panacée, mais dans ce cas de figure, c’est presque une nécessité.

Remettre en question les normes de genre

« Iel, ellui, yel, ael, ael, aël, ol, olle, ille, ul, ulle, al, i, im » sont autant d’attributs pour se dépeindre sur la toile. Pendant longtemps, les réseaux sociaux avaient un spectre plutôt modeste. À l’inscription, les personnes non-binaires devaient donc cliquer sur « genre non spécifié ou indéfini », un terme assez péjoratif qui faisait un peu « bête de foire ». Désormais, afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux est quasiment une obligation. Les pouces s’empressent de combler ce « blanc ».

Signe de ralliement de la communauté LGBT+, ces pronoms sont aussi une façon subtile de rendre visible ce qui est de l’ordre de l’invisible dans la vraie vie. Dans le monde réel, personne ne se balade avec une pancarte floquée « iel » ou un tatouage « they » sur le front. Les gens s’arrêtent alors sur les traits physiques ou le prénom inscrit sur les papiers d’identité et n’ont pas toujours le réflexe de demander « comment veux-tu que je t’appelle ? ». Sur les réseaux sociaux, les internautes sont avertis d’emblée. Cette pratique permet de déconstruire l’idée que l’apparence physique d’une personne détermine nécessairement son genre.

Afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux, c’est également exister en dehors du masculin et du féminin. C’est parler du genre au pluriel et démultiplier les représentations. D’ailleurs, ces pronoms ne sont pas « définitifs ». Vous pouvez vous sentir « il » pendant une période de votre vie et « iel » plus tard. C’est fluide.

Les cisgenres aussi devraient s’y mettre !

Afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux dissipe les doutes et chasse la curiosité malsaine. D’ailleurs cette pratique n’est pas exclusive à la communauté LGBT+. Les personnes cis peuvent aussi indiquer ce qui pour elles semble relever de l’évidence. Inscrire ce mot « cis » dans sa légende, à côté d’une citation kitsch ou d’une série d’émojis explicites, n’a rien de ridicule ou de superficiel.

Au regard de la communauté LGBT+, c’est aussi vital que d’aller marcher à la Pride ou de rembarrer un oncle homophobe lors d’un repas de famille. En faisant ce geste, qui ne prend que deux secondes, les cisgenres montrent qu’il s’agit là d’une norme universelle de respect.

« Car plus les allié.e.s cisgenres le font, plus cela normalise le fait de demander comment une personne aimerait être nommée, ce qui met à mal le pouvoir de celleux qui ne respectent toujours pas ce droit », explique le magazine Glamour

Afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux même en étant cis, c’est donc manifester son soutien pour les minorités et être un.e allié.e connecté.e. C’est d’autant plus essentiel dans un univers virtuel miné par la haine et assiégé par des trolls. Ces pronoms, parfois incompris ou accusés d’être encombrants, donnent une leçon de tolérance et redonne du pouvoir à celleux qui se sont trop longtemps caché.e.s.

Afficher ses pronoms sur les réseaux sociaux, ce n’est pas « chipoter » ou une « tendance ». C’est s’assumer dans son entièreté et le crier à la face du monde 2.0 en un seul mot.   

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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