« Les Contraceptés » : un livre pour lever le tabou sur la contraception masculine

Il y a un peu moins d’une semaine, l’Assemblée Nationale a annoncé officiellement que la contraception sera intégralement prise en charge pour les femmes de 18 à 25 ans dès le 1er janvier 2022. Une bonne nouvelle certes, mais qui confirme le fait que notre société considère que la contraception est une affaire de femme. Pourquoi la contraception masculine est-elle aussi taboue ? C’est la question à laquelle répondent Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain dans leur roman graphique, Les Contraceptés.

De la prise de conscience au roman graphique

« Y aurait un truc on le prendrait, mais il y a rien déso. » Guillaume Daudin, 34 ans, et Stéphane Jourdain, 43 ans, vivent tous deux en couple. Au court d’un dîner entre ami.e.s, en discutant avec les femmes de la tablée, ils réalisent qu’ils ignorent tout de la contraception. Les deux amis, journalistes de profession, décident alors de mener l’enquête.

À l’aide de professionnel.le.s de santé, mais aussi de simples utilisateurs de la contraception masculine, ils mettent à nu les méthodes existantes et tentent d’apporter une réponse à la fameuse question du « pourquoi fait-on toujours rimer contraception et femmes ? ». Le tout a été publié le 14 octobre dernier dans un magnifique roman graphique intitulé Les Contraceptés et illustré par Caroline Lee. Un ouvrage aussi léger qu’instructif qui oscille entre découvertes et introspection. La rédaction a adoré parcourir ces pages aux couleurs douces !

lescontraceptes/Instagram

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La contraception : exemple ultime des inégalités de genres

Le moins que l’on puisse dire c’est que la contraception masculine n’a pas vraiment la côte. En France, on considère qu’environ une centaine d’hommes sont contraceptés. C’est peu en face des 97 % de Françaises en âge de procréer sous contraception. En quarante ans, pas moins de treize nouvelles méthodes de contraception féminines ont vu le jour. Aucune masculine.

Et pourtant, il n’y a pas d’explication scientifique à cet écart : ce n’est pas plus sorcier de contrôler son non-désir d’enfant lorsqu’on est un homme que lorsque l’on est une femme. Si l’on avait vraiment cherché à mettre au point une pilule masculine, on aurait pu. Et cela, Nelly Oudshoorn l’une des meilleures spécialistes mondiales du sujet le précise bien à Guillaume et Stéphane. Le seul obstacle, ce sont les mentalités. 

Eh oui, on ne vous apprend rien mesdames si l’on vous dit que hormones rime avec modification de la libido. Cela leur fait peur à messieurs. Du coup pas d’engouement particulier pour l’idée et donc ni cobayes ni clients. « On ne va quand même pas risquer des vies pour ça. De toute façon, il suffit que la charge contraceptive soit assumée par la femme pour régler le problème. »

C’est l’histoire d’un chien qui se mort la queue et le problème n’avance pas. D’ailleurs, il y a quelques jours, lorsque les députés parlent contraception à l’Assemblée Nationale, le seul point qui concerne la contraception masculine est la commande d’un rapport. « Parce que oui, au fait, depuis le temps qu’on en parle, on en est où ? »

Mais au fait, la contraception masculine, c’est quoi concrètement ?

Tout comme pour leur semblable de l’autre sexe, les hommes ont, contrairement à l’idée que s’en fait le plus grand nombre, accès à différentes méthodes de contraception. La première étant la méthode mécanique (ou thermique). Aussi vieille que le monde, elle consiste à remonter les testicules de quelques centimètres pour les mettre à température du corps. En effet, cette hausse de température a pour effet de stopper la production de spermatozoïdes.

Pour ce faire, deux possibilités : utiliser un slip chauffant ou un anneau thermique. L’idée est de les porter au moins 15h par jour. Le procédé est efficace au bout de trois mois et totalement réversible puisque les hommes qui y ont eu recours sont redevenus fertiles environ trois après l’arrêt de cette technique.

Autre possibilité, la méthode hormonale. Concrètement cela consiste à faire une piqûre de testostérone chaque semaine. Au cours de l’utilisation, les piqûres sont autoadministrables et coûtent « dix euros par semaine en pharmacie », précise Pierre Colin, le cofondateur de l’Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine. Plus radicale mais un peu moins méconnue, les hommes ne souhaitant pas avoir d’enfants peuvent aussi avoir recours à la vastectomie.

Vous l’aurez compris, si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur ce sujet plus que méconnu, Les Contraceptés est le livre qu’il vous faut. Et puis même si vous ne le souhaitez pas nécessairement, c’est important… La question fondamentale ici est celle de l’égalité.

Léonie Bourbon
Léonie Bourbon
À travers mes articles, je vise à divertir, éduquer et inciter à la réflexion, en partageant des histoires qui touchent le cœur et l'esprit.
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