« The Lost Daughter » : un film poignant qui soulève le tabou du regret maternel

Et si le rôle de mère n’était pas le plus beau des métiers ? Soumises à de nombreuses injonctions, les femmes subissent également les diktats de la maternité. Dans notre société être une femme rime forcément avec maternité. Or, certaines ne veulent tout simplement pas avoir d’enfants et en subissent les conséquences.

Tandis que d’autres se soumettent aux normes sociales, tombent dans le regret maternel et se murent dans le silence. Un sujet dont s’empare avec finesse la réalisatrice Maggie Gyllenhaal, dans son film « The lost Daughter ». Une oeuvre qui révèle l’ambivalence maternelle. À voir d’urgence !

Un film qui déboulonne les tabous du regret maternel

Le premier film de Maggie Gyllenhaal ne laissera personne indemne. Il torpille les injonctions liées à la maternité que subissent les femmes. Si vous ne l’avez pas encore vu, c’est l’occasion de vous remettre à vos séances « Netflix and chill ».

Sorti le 31 décembre dernier sur Netflix, « The lost Daughter » est une histoire inspirée du roman « Poupée Volée » d’Elena Ferrante. Dans un décor paradisiaque grecque, on suit Leda Caruso (Olivia Colman), jeune universitaire américaine farouche, ayant la légitime volonté de vivre comme elle l’entend qui profite de ses vacances à la plage.

Sur son transat, lunettes sur le bout du nez, le calme dont elle se délecte est rapidement interrompu par l’arrivée d’une mère, Nina, et de sa fille. Tout à coup, Leda est bouleversée par la relation fusionnelle qu’entretient cette famille et est submergée par la terreur, la confusion et l’intensité de ses souvenirs de maternité précoce. On plonge peu à peu dans son passé. Un passé, plein de souffrance et de regrets.

On découvre alors une mère dépassée par la maternité. Dans une ambiance crispante et teintée de mélancolie, « The Lost Daughter » raconte avec brio la pression qui pèse sur les mères et dénonce l’injonction à la maternité.

Un long métrage pas si loin de la réalité

Si ce film peut mettre mal à l’aise quelques femmes, il est pourtant le reflet d’une société emprisonnée par ses propres tabous. Le regret de maternité est souvent associé à la maltraitance des enfants et à une absence d’affection envers ces dernier.ère.s. Pourtant ce n’est pas forcément le cas. Et bon nombre de femmes partagent ce sentiment, si particulier.

« Le regret, c’est quand une femme pense que c’était une erreur. Si elle pouvait remonter le temps, avec la connaissance, l’expérience qu’elle a aujourd’hui, elle ne deviendrait pas mère », précise Orna Donath, à 20 Minutes

La sociologue israélienne Orna Donath, a d’ailleurs étudié ce phénomène, depuis 2007 auprès de 23 mères israéliennes, âgées de 25 à 75 ans, qui regrettent toutes d’avoir eu des enfants. Son enquête n’a fait que révéler les diktats de la maternité qui pèsent sur les femmes.

« Je donnerai ma vie pour mes enfants sans hésiter ! Mais je ne pensais pas que ce serait aussi dur, surtout la partie conflit pendant l’adolescence. On sait qu’en devenant mère, on fera face à beaucoup de problèmes (maladie, manque de sommeil, éducation…), mais pas qu’on devra se battre quotidiennement avec eux, pour leur bien en plus », explique une des mères interrogées durant l’enquête

Le mal de mère, très tabou en société

Malheureusement, exprimer ouvertement de ne pas vouloir d’enfants est encore très tabou dans notre société française. Si l’homme a le droit de ne pas vouloir d’enfant, la femme quant à elle est vouée à en avoir, car c’est naturel. C’est l’instinct maternel, dit-on.

Résultat, certaines femmes n’osent pas le dire et se soumettent à ces injonctions sociales, venant pour la plupart, de leur famille et de leur partenaire. Pire, celles qui osent s’affirmer sont traitées d’égoïstes, folles et de « fausses femmes ».

Bien que l’étude de Orna Donath a suscité un vif débat, notamment en Allemagne et a engendré le hashtag #RegrettingMotherhood, elle n’a pas eu le même effet en France. Jusqu’à la sortie du livre traduit en français, issu de cette même recherche, « Le regret d’être mère » en 2017.

Fort heureusement, ces dernières années la question de la maternité a investi le féminisme. Les maux de grossesse, le corps enceint, les fausses couches, le post-partum… sont désormais des sujets traités dans notre société. Il ne s’agit plus de rester dans le déni et d’enjoliver la maternité. Mais d’apporter un vrai regard sur la maternité, sur ses bienfaits et ses difficultés et de libérer la parole des femmes.

Et le film « The Lost Daughter » n’est que le mélange de désespoir, d’anxiété, de terreur, de joie et d’excitation que vivent les femmes durant leur grossesse. Une preuve que ce tabou se fissure peu à peu.

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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