Et si, ensemble, nous refleurissions nos villes ? C’est bien ce que comptent faire des activistes écolos en appliquant des techniques comme le biodalisme et le seed bomb. Vous n’en avez jamais entendu parler ? Vous souhaitez vous aussi tenter l’expérience ? On vous dit tout sur ces pratiques qui risquent de réunir de plus en plus d’adeptes au fil des ans.
Biodalisme : remplacer les pavés par des fleurs
Qui a-t-il sous les pavés ? De la terre, bien évidemment. Le mouvement du « biodalisme » a été lancé par Fanny Ehl, jeune designer implantée à Paris. Il est la contraction de deux mots « biodiversité » et « vandalisme ».
En quoi consiste-t-il ? Eh bien, à végétaliser les sols pour lutter contre la bitumisation et l’imperméabilisation des sols urbains. Un mouvement librement inspiré des « guerillas gardening » qui utilisent le jardinage comme moyen d’action pour jeter un pavé dans la marre…
D’ailleurs, il y a fort à parier que certains pavés parisiens ont du souci à se faire… Fanny Ehl et ses ami.e.s oeuvrent à travers de micro-interventions discrètes. À la nuit tombée, chacun.e retire quelques pavés d’une zone piétonne pour les remplacer parce qu’il.elle.s ont surnommé le « pavégétal« . Un pavé constitué de terre et d’argile accueillant une ou plusieurs plantes.
Sur le sol, juste à côté du mini jardin, est taguée à la bombe de craie jaune la mention « biodalisme ». Le but ? Témoigner du passage des activistes et faire en sorte que les passant.e.s ne piétinent pas les fleurs. Parfois, Fanny Ehl et son groupe laissent même un arrosoir pour que les habitant.e.s du quartier puissent continuer à entretenir ce petit coin de verdure. Offrant d’ailleurs un spectacle des plus surprenant et poétique…
« La nature doit-être sauvage, on ne doit pas avoir le contrôle dessus »
Interviewée par la revue We Demain, Fanny Ehl explique en vidéo :
« Le « permis de biodaliser » vient à l’encontre du permis de végétaliser mis en place par la Mairie de Paris qui me semble bien trop restreint pour véritablement préserver la biodiversité. La nature doit être sauvage, on ne doit pas avoir le contrôle dessus. Ça doit être quelque chose de spontané, qui vient des citadin.e.s de façon à se réapproprier les espaces de la vie. »
Et il semblerait bien que le biodalisme ait traversé le périphérique puisque des actions du même genre ont déjà été menées à Orléans et Montpellier…
Vous avez envie de prendre part au mouvement ou de suivre les actions menées, en images ? Rendez-vous sur leur page Viméo, le compte Instagram de Fanny Ehl ou encore, le hashtag #biodalisme.
Seed Bomb, ou l’art de balancer des bombes de graines
Après les fleurs en pavé, place aux bombes de graines ! À l’origine, le seed bombing est une pratique qui vise elle aussi à (re)végétaliser les villes. Elle nous vient tout droit des États-Unis où, dès les années 70, des écolos s’amusent à lancer des grenades composées d’un mélange d’argile, de terre et de graines. Les premières ont été jetées sur des terrains vagues de New York afin de convertir un lotissement abandonné de Manhattan en jardin collectif.
Convaincante, cette pratique s’est généralisée à travers le monde. D’ailleurs, si vous voulez fabriquer vous-même des boulettes, nous vous invitions à découvrir la recette partagée par Mathieu Foudral, formateur en jardin biologique, sur son blog.
À noter que vous devrez sûrement faire quelques expérimentations avant d’obtenir la recette idéale. Aussi, ne mettez pas trop de graines, une pincée par boulette suffira. Et toujours selon Mathieu Foudral, veillez à bien faire sécher les boulettes au soleil ou dans un endroit chaud et ventilé afin qu’elles ne germent pas immédiatement.
Comment pratiquer le seed bomb en ville ?
Envie de tenter l’expérience ? Il va falloir choisir l’endroit avec soin. Inutile de jeter vos grenades végétales sur un site privé de lumière ou de pluie. Le sol compte beaucoup aussi, car le bitume peut monter en température et empêcher les graines de germer. Privilégiez la terre nue, dans des herbes courtes, ou même sur du gravier. La pluie va faire fondre l’argile, les graines vont germer, la plante commencer à pousser et ses racines vont s’implanter.
Sur son blog, le professionnel conseille de jeter plutôt des plantes vivaces qui vont durer plusieurs années. Les plantes mellifères sont aussi particulièrement efficaces, car elles attirent les pollinisateurs, contribuant ainsi à la biodiversité du site. On vous invite à découvrir cette carte interactive dédiée au seed bombing et à toutes les actions à travers le monde !
Deux pratiques à la croisée entre vandalisme et activisme qui n’ont qu’un but : permettre à la nature de s’épanouir dans des endroits où elle a été chassée. Pour la sauvegarde de notre planète, mais également le bien-être de ses habitant.e.s. Si vous êtes adepte de l’une ou l’autre de ces techniques, n’hésitez pas à en témoigner sur nos forums.
