[Tribune] Troubles alimentaires et réseaux sociaux : quels liens ?

« Arrêtez les féculents, préférez les aliments allégés », « adoptez le nouveau régime détox », « pratiquez une activité physique », « essayez la visualisation positive »… autant de pratiques et de conseils que l’on essaie parfois d’appliquer à notre quotidien sans savoir réellement démêler le vrai du faux. Il n’est pas évident de s’y retrouver parmi tout ce que l’on peut lire sur internet lorsqu’on veut perdre ou prendre du poids, ou simplement se sentir mieux dans son corps.

Et si ce tourbillon d’informations entraînait des TCA ? Y aurait-il un lien entre troubles alimentaires et réseaux sociaux ? Et si la clé pour être bien dans son corps était d’être tout simplement, bien dans sa tête ?

C’est quoi, concrètement, un trouble du comportement alimentaire (TCA) ?

Un TCA se manifeste par des perturbations graves des prises alimentaires, considérées comme « non habituelles », qui auront des répercussions négatives sur la santé mentale et physique d’un.e individu.e. Anorexie mentale, boulimie, hyperphagie boulimique… près d’un million de personnes seraient concernées par ces troubles en France en 2022 (dont 1 adolescent.e sur 4). Seulement la moitié d’entre elle.ux en auraient conscience et recevraient les soins adaptés, selon la FFAB (Fédération Française Anorexie Boulimie).

Mais les troubles alimentaires ne découlent pas exclusivement des problèmes liés aux prises alimentaires. Ils naissent surtout de désordres somatiques ou psychiques, qui viendront affecter les sphères de l’image de soi, du rapport au corps et des interactions avec les autres au quotidien. En voici quelques exemples : les facteurs génétiques, les troubles affectifs, une faible estime de soi, le stress. Ou encore les traumatismes, la famille, la culture, la pression sociale.

Les réseaux sociaux sont-ils en lien avec la pression sociale qui favoriserait les TCA en France ?

À l’heure de la montée en puissance des métiers de l’influence et de l’image sur les réseaux sociaux, où notre journée est rythmée par de nombreux coups d’œil sur les fils d’actualités, les complexes et les remises en question de nos habitudes au quotidien sont au cœur des préoccupations de la jeune génération. Comment ne pas se comparer à ces personnes que l’on suit tous les jours et à qui l’on rêve de ressembler ? Comment ne pas succomber à ce produit minceur qui a si bien fonctionné sur elles ?

Les réseaux sociaux contiennent un océan d’informations. Parfois très utiles et instructives, parfois totalement erronées voire néfastes pour l’organisme. Ils peuvent constituer un réel danger, à la fois chez les adolescent.e.s et jeunes adultes en quête d’identité, d’appartenance sociale, d’affection, de confiance mais aussi chez les adultes enclins à des passages dépressifs ou ayant une faible estime d’elle.ux-mêmes.

La course à la perfection en vitrine des réseaux sociaux peut totalement affecter leur discernement et avoir de lourdes répercussions sur leur développement psychique. Mais les raisons de ce mal-être général sont peut-être ailleurs.

C’est pourquoi il est important de rester vigilant.e envers soi-même et envers ses proches, en se posant les bonnes questions. « Pourquoi vous sentez-vous mal dans votre corps ? Est-ce qu’un événement en est à l’origine ? ». « Les personnes que vous suivez sur les réseaux sociaux ont-elles joué un rôle dans l’apparition de vos complexes ? ». « Ces complexes ont-ils entrainé des changements dans votre comportement alimentaire et sur le regard que vous vous portez ? ».

Et si les réseaux sociaux avaient aussi une influence positive pour les personnes atteintes de TCA ?

Il est possible que les personnes atteintes de TCA, notamment des adolescent.e.s et jeunes adultes, trouvent des espaces de prévention, de discussion et/ou une communauté rassurante sur internet (blogs, forums de discussion, groupes, etc.). Ces endroits leur permettent de rompre leur isolement social en trouvant une écoute bienveillante chez des personnes qui vivent ou ont vécu le même parcours.

Dans ce cadre, une première forme de soutien apparaît, une première phase d’acceptation de la maladie se dessine et débouchera peut-être vers une envie plus concrète de sortir du silence et de se tourner vers le corps médical. La honte et la culpabilité étant parfois trop lourdes pour en parler à des proches, les réseaux sociaux jouent alors un rôle très important de soutien chez les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire, à savoir un soutien d’appartenance sociale, un soutien émotionnel, un soutien informationnel et parfois même instrumental (aides financières, matérielles, pratiques).

Mais alors, comment on se sort d’un TCA ?

Si vous souffrez de troubles alimentaires, vous avez peut-être ressenti une distance sociale, un sentiment de ne pas être à votre place, une barrière entre vous et les autres. Vous avez alors du mal à franchir le cap des explications à vos proches. Voici quelques conseils pratiques :

  • Accordez-vous du temps et optez pour un accompagnement approprié
  • Parlez-en à une personne de confiance (parent, ami.e, médecin, psychothérapeute)
  • Parlez de ce que vous ressentez sans vous soucier de ce que les autres peuvent penser. Utilisez vos mots, exemples : « ça fait quelques temps que je me sens mal à l’idée de manger », « je ressens comme un vide en moi que je pense ne pouvoir combler qu’avec la nourriture », « je culpabilise de manger trop, je ne sais plus comment manger normalement », etc.
  • Expliquez, si c’est le cas, que vous n’avez pas la réponse à toutes vos questions
  • Partagez les paroles qui peuvent ou ont pu vous blesser
  • Exprimez ce que vous attendez de vos proches ou de votre médecin

Une relation saine avec son corps et son esprit n’est possible que lorsqu’on adopte le postulat suivant : « S’accepter n’est pas un combat, c’est faire la paix avec soi-même ».

Quelques pistes pour vous aider à libérer la parole :

  • Prenez rdv auprès d’un.e de nos professionnel.le.s de santé sur psychologue.net
  • Appelez un service d’appel anonyme : Anorexie Boulimie Info écoute, 0 810 037 037 (prix d’un appel local + 0,06 € la minute)
  • Trouvez de l’aide sur ffab.fr (Fédération Française Anorexie Boulimie)

 

Sources :

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