Amitiés intergénérationnelles : 5 bienfaits géniaux qui prouvent qu’il faut les chérir

Les générations se succèdent, mais ne se ressemblent pas. Pour éviter qu’un fossé ne se creuse et que l’indifférence l’emporte, l’amitié s’étire au-delà des âges. Colocations intergénérationnelles, visites scolaires en EHPAD, activités solidaires pluriâges… les initiatives fleurissent pour dissoudre les frontières entre les jeunes et les séniors. De quoi emplafonner les préjugés et tisser une chaîne humaine en or massif. Dans un monde de loup solitaire, les amitiés intergénérationnelles se frayent un chemin nécessaire. C’est l’assurance d’un esprit de Jouvence imperméable aux aléas du temps. Voici donc 5 bienfaits de ce lien social hybride. 

1 – Briser l’isolement

D’après le baromètre annuel de l’association « Petits Frères des Pauvres », 530 000 personnes âgées étaient en situation de mort sociale en 2021. Cloisonnées dans des maisons sans vie, bercées par le « tic tac » retentissant du pendule, elles n’ont plus aucun contact avec le monde extérieur. Elles sont comme condamnées à une prison « améliorée ». Au fil des années, les chiffres s’obscurcissent un peu plus.

Le nombre d’aîné.e.s isolé.e.s des cercles familiaux et amicaux est passé de 900 000 en 2017 à 2 millions en 2021, soit une hausse assourdissante de 122 %. Ce triste sort des séniors est sans cesse occulté par une société aseptisée à l’âgisme. Les personnes âgées passent donc leurs derniers printemps dans la solitude la plus cruelle qui soit.

Côté jeunes, le constat n’est guère plus réjouissant. Les nouvelles technologies poussent les millenials dans un gouffre individualiste périlleux. Cet univers virtuel tapissé de faux semblants met les jeunes sous cloche. Selon l’institut de sondage YouGov, 30 % des 15-30 ans se sentent isolé.e.s. C’est là que les amitiés intergénérationnelles interviennent.

Elles créent une passerelle entre des générations lointaines mises au placard pour des raisons différentes. Ce lien social sans limites d’âges redore le moral et crée un sentiment d’appartenance salvateur. Les jeunes apportent un peu de vitamines dans le quotidien fade des séniors et les séniors, elleux, tendent une oreille auprès d’une génération mésestimée.

C’est un échange gagnant-gagnant où chaque personne se sent appréciée à sa juste valeur. L’avantage des amitiés intergénérationnelles, c’est qu’il n’y ni rivalité ni culte du « moi je ». Comparer un dentier et un appareil dentaire ou un Nokia et un iPhone relève tout bonnement de la farce.

2 – Aller au-delà des préjugés

Les jeunes pensent que les séniors jouent au Scrabble toute la journée, qu’iels ont une santé décadente et qu’iels sont allergiques aux technologies. À l’inverse, les séniors voient les jeunes comme des geeks de première classe qui se complaisent dans la procrastination et font les loques sur le canapé toute la journée. Ces étiquettes collées sur le veston de chaque génération dressent un énorme mur entre les âges. Elles font le ciment d’un clash générationnel préjudiciable. Et la crise sanitaire n’a rien arrangé. Elle a même cristallisé cette barrière du langage entre jeunes et séniors.

Selon une étude IFOP commandée par l’Express, la génération des vingtenaires/trentenaires s’estime à 89 % très différente des autres. Certes, les générations de la « vieille école », arrosées à revers de traditions sont l’antithèse même de cette génération « désenchaînée », élevée à la sauce climatique et aux manifs, mais cultiver la différence n’a jamais fait de mal à personnes, au contraire.

Les amitiés intergénérationnelles enfoncent une porte. Elles donnent des clés de compréhension et défrichent un chemin encombré par les clichés. Elles permettent de survoler ces fameuses « cases ». Ces dialogues constructifs ouvrent les esprits les plus embués et rafraîchissent les regards. Ils entretiennent aussi une « mémoire collective » essentielle pour l’avenir social.

3 – Le partage de connaissances

Les amitiés intergénérationnelles dessinent un cercle vertueux. Jeunes et séniors s’enrichissent mutuellement grâce au troc de compétences. Les aîné.e.s, véritables livres ouverts, enseignent des règles de savoir-vivre et des connaissances de l’esprit comme la patience ou la résilience. Leurs expériences personnelles font de merveilleux objets d’études.

En contrepartie, les jeunes leur apprennent à se familiariser avec les outils numériques et les accompagnent dans leurs démarches administratives en ligne. Iels rendent aussi des petits services quotidiens : faire les courses, changer une ampoule… Jeunes et séniors sont alors complémentaires. La relation ne se résume pas seulement à prendre le thé à 18h tapante devant Question pour un Champion. Elle repose sur l’entraide et la bonté.

4 – Apprendre des valeurs fortes de la vie

Contrairement aux amitiés linéaires, les amitiés intergénérationnelles enseignent des valeurs inestimables : celles qui viennent du cœur. Selon une étude, les enfants qui cultivent un lien régulier avec des séniors dévoilent plus d’estime de soi, de confiance et de stabilité. Iels y récoltent aussi une denrée rare nommée empathie.

Ces relations croisées façonnent aussi une certaine maturité émotionnelle chez les tout jeunes. Les amitiés intergénérationnelles se conjuguent au respect et à la bienveillance. Elles sculptent une personnalité pacifique, tournée vers les autres. Ces liens servent aussi de baume cicatrisant contre les blessures de l’âme.

Selon Erik Erikson, l’un des premiers psychologues à décrire le développement social, les amitiés intergénérationnelles peuvent revigorer les personnes âgées et aider à réduire le risque de dépression et de solitude. S’y frotter, c’est apprendre l’école de la vie, celle qui nous embellit de l’intérieur.

5 – Se sentir utile aux autres

Dans une société coiffée dans le sens de l’égocentrisme, notre intérêt pour les autres est régulièrement étouffé. Pourtant, les autres sont loin d’être accessoires. Ils participent à notre propre construction. Les amitiés intergénérationnelles, elles, redonnent ainsi du sens à l’existence. Elles dressent ce sentiment d’utilité, véritable friandise morale. Elles révèlent une meilleure version de nous-mêmes.

Que ce soit en écrivant une lettre, en faisant une partie de belote multi-âges ou en prenant un repas avec un.e sénior, chaque petite action est un énorme pas pour l’estime de soi. Les amitiés intergénérationnelles nous sortent d’une zone de confort et c’est justement ce qui sculpte une satisfaction personnelle. On a enfin l’impression d’avoir comblé un rôle social.

3 idées pour se prêter aux amitiés intergénérationnelles

Les amitiés intergénérationnelles ne se cantonnent pas seulement au nid familial. Elles traversent les liens du sang et se concrétisent aussi dans l’inconnu. Sauf que voilà, dans la vraie vie, peu de gens osent franchir le premier contact. Alors pour aider à la sociabilisation, voici quelques coups de pouce :

1 – Les colocations intergénérationnelles

Depuis plusieurs années, les colocations intergénérationnelles se démocratisent sur le sol Français. Petites et grandes villes se laissent de plus en plus séduire par ce type d’habitat partagé et solidaire. Séniors et jeunes cohabitent sous le même toit dans une ambiance familiale. Des espaces communs sont mis à disposition pour créer des moments conviviaux.

Ces lieux chaleureux évitent aux séniors de se retrouver entre les murs insipides des EHPAD et aux jeunes de finir dans un 9m2 dépouillé. Les séniors ont aussi la possibilité de louer ou sous-louer une chambre inoccupée pour ramener un peu de pep’s dans leur maison. En parallèle, les étudiant.e.s font la cuisine, les courses et les autres tâches en vue de simplifier le quotidien des aîné.e.s. Les plateformes « Toit+Moi » et « Ensemble2générations » tendent une perche pour s’adonner à ce concept prometteur.

2 – Les associations dédiées

Les amitiés intergénérationnelles peuvent aussi être arbitrées par le monde associatif. Des associations de tous bords mettent l’accent sur ce lien précieux. Par exemple, « Les amis d’Hubert » propose d’assister à des événements culturels en compagnie d’intervenant.e.s qui ont quatre ou cinq décennies d’avance sur nous. On peut aller au théâtre, au cinéma ou même faire une partie de cartes.

Dans un autre registre, la plateforme « Les talents d’Alphonse » mise sur le partage de talents entre générations. Les séniors peuvent ainsi transmettre leur passion pour la couture ou leur goût pour le jardinage tandis que les jeunes peuvent révéler quelques astuces sur « l’internet ».

3 – Les relations intergénérationnelles à distance

Les amitiés intergénérationnelles n’ont pas peur des kilomètres. Aujourd’hui il existe moult façons d’échanger avec des séniors, qu’importe la situation géographique. Ainsi, il est possible de sortir sa plus belle plume et d’envoyer de jolis mots aux personnes isolées. Que ce soit pour raconter ses vacances, parler de sa vie ou refaire la pluie et le beau temps, ces correspondances donnent l’illusion d’une présence.

L’association « Au bout du fil », elle, brandit le téléphone pour réconforter, apaiser, écouter les personnes seules. Les séniors peuvent ainsi briser le silence et sortir de l’oubli.

Les amitiés intergénérationnelles gravent indulgence, bienveillance et serviabilité dans le marbre. Elles assurent une intelligence émotionnelle de longue portée. Serait-ce donc ça le philtre de longévité ? Il y a de fortes chances. L’amitié est un excellent shoot de vitalité.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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