Solitude : plus d’un demi-million de Français·es en situation « de mort sociale »

À l’heure actuelle, 530 000 personnes âgées sont en situation de « mort sociale ». Un chiffre qui a augmenté de 77 % en l’espace de quatre ans. C’est ce que nous apprend l’association Les Petits Frères des Pauvres, avec la publication de son deuxième baromètre sur la « Solitude et l’isolement quand on a plus de 60 ans en France ». Par « mort sociale », le rapport comprend les seniors qui ne rencontrent ni famille, ni ami.e, ni voisin.e, ni réseau associatif. C’est-à-dire jamais ou quasiment jamais personne. Un bilan très alarmant.

530 000 personnes âgées en situation de « mort sociale »

Le 30 septembre 2021 a été publiée la 2e édition du baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2021 », de l’association Les Petits Frères des Pauvres. Ce rapport révèle de nouveaux chiffres alarmants sur l’isolement des personnes âgées. L’association alerte sur l’urgence d’agir contre ce fléau.

Leur premier rapport en 2017 avait révélé que 300 000 personnes âgées étaient en situation de « mort sociale » en France. Aujourd’hui en 2021, soit quatre ans plus tard, 530 000 personnes âgées de 60 ans et plus sont en situation de « mort sociale ». Un chiffre qui a donc augmenté de 77 % en seulement quatre ans. Le nombre d’aîné.e.s isolé.e.s des cercles familiaux et amicaux, lui, est passé de 900 000 à 2 millions en 2021, ce qui représente une augmentation de +122 %.

Ni famille, ni ami.e voisin.e, ni réseau associatif

L’association qualifie la « mort sociale » par rapport à la fréquence des contacts physiques, à travers quatre différents cercles de sociabilité : la famille, les ami.e.s, les voisin.e.s, et le réseau associatif. C’est-à-dire qu’une personne en situation d’isolement n’aura aucun ou quasiment aucun rapport physique avec aucun de ces quatre cercles. En bref, il s’agit de ne rencontrer, voire ne parler à personne, durant des journées entières.

« Mourir ne me fait pas peur. Ce n’est pas vivre ce que je vis actuellement. Ce n’est pas marrant, je ne vois personne », témoigne Edith, 76 ans, pour Les Petits Frères des Pauvres.

Autre fait inquiétant relevé dans le rapport : les personnes isolées sont de plus en plus jeunes. « Nous avons en effet un public de 50/60 ans, souvent des personnes en rupture familiale ou qui ont perdu leur emploi », explique Fabrice Bruyère, directeur de la Fraternité régionale Auvergne-Rhône-Alpes à France Info. « La crise COVID a amplifié des situations qui ne se seraient pas dégradées aussi vite. »

La pandémie et l’isolement numérique

La pandémie de Covid-19 a évidemment eu un fort impact sur la solitude des personnes âgées. En effet, plus de la moitié (53 %) de nos ainé.e.s ont identifié la crise sanitaire « comme l’élément déclencheur de leur sentiment de solitude ». Et cette période passe devant le décès d’un proche (30 %), la maladie et le handicap (9 %), une séparation ou un divorce (8 %). « Une personne âgée isolée se laisse glisser vers la mort », commente le psychiatre Boris Cyrulnik, cité dans l’étude par Les Petits Frères des Pauvres.

« La seule personne que j’ai vue de la semaine, c’est l’électricien qui m’a remis des ampoules », dit Berthe, 71 ans, citée par l’étude.

Alors qu’internet, les appels en visio et les réseaux sociaux étaient une échappatoire à l’isolement dû aux confinements, on apprend aussi dans le rapport que 3,6 millions de personnes âgées sont toujours exclues du numérique. Pour Les Petits Frères des Pauvres, il s’agit à la fois d’un problème financier et d’un problème de compréhension, ce contre quoi l’association agit au quotidien.

Des politiques contre la marchandisation du lien social

Mais la crise du Covid ne peut pas être la seule responsable de cette augmentation de l’isolement des plus âgé.e.s. Les Petits Frères des Pauvres et d’autres acteurs associatifs déplorent une « marchandisation du lien social ».

« Le lien social n’a pas de prix. Nous devons prendre le temps de redonner une place à ces personnes-là », conclut Fabrice Bruyère.

Pour Les Petits Frères des Pauvres, la publication de ces chiffres est l’occasion de promouvoir le développement de toute une politique ambitieuse en faveur des aîné.e.s. Ils concluent le rapport en appelant à « faire de la lutte contre l’isolement des personnes âgées un axe majeur dans la construction de politiques publiques de prévention de la perte d’autonomie ».

Et vous, que pensez-vous qu’il soit nécessaire de changer pour limiter l’isolement grandissant des personnes âgées ? Venez partager vos idées avec nos lecteurs et lectrices, sur le forum de The Body Optimist !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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