Caroline van Eck, une femme néerlandaise de 45 ans, croyait vivre une idylle secrète avec Leonardo DiCaprio. Ce qu’elle pensait être une histoire d’amour hors du commun n’était en réalité qu’un scénario bien rodé d’arnaque sentimentale. Derrière les messages attentionnés et les promesses envoûtantes, se cachait un escroc qui a fini par lui soutirer toutes ses économies, allant jusqu’à la menacer et la faire chanter.
Une rencontre virtuelle qui vire au piège
L’histoire débute en 2020, lorsqu’un inconnu contacte Caroline sur les réseaux sociaux en prétendant être Leonardo DiCaprio. Très vite, le ton devient flatteur. Il l’admire, s’intéresse à ses activités, lui confie vivre une relation difficile avec sa compagne de l’époque, l’actrice Camila Morrone, et partage de faux souvenirs intimes. Caroline se sent unique, comprise, aimée. « Il s’intéressait à tout ce que je faisais. Je croyais qu’il m’aimait », confie-t-elle au média 7sur7.
C’est le début d’une relation virtuelle exclusive, marquée par des compliments constants, des déclarations affectueuses et une attention omniprésente. Un mécanisme bien connu des spécialistes, baptisé « love bombing » : l’assaillir d’amour pour créer un lien de dépendance.
Isolement et manipulation émotionnelle
Le faux DiCaprio encourage Caroline à garder leur relation secrète : « C’est notre secret, n’en parle à personne ». Progressivement, elle s’éloigne de ses proches et devient entièrement disponible pour cet homme dont elle ne connaît en réalité que la voix… et les mots.
Les appels vidéo ? Toujours impossibles. La connexion WiFi aurait été désactivée par sa supposée compagne jalouse. Les incohérences s’accumulent, mais Caroline veut croire à cette histoire. L’arnaqueur multiplie les prétextes et les promesses : travail dans une fondation, avenir commun aux États-Unis, jet privé pour la rejoindre… Sauf que pour que tout cela devienne réel, il a besoin d’aide financière.
Des dons « pour les enfants malades »
Sous couvert d’altruisme, l’escroc multiplie les demandes : financer des médicaments pour des enfants atteints de cancer au Nigeria, régler une affaire judiciaire, louer un avion privé… Caroline envoie l’argent, souvent via des liens bancaires suspects. Quand une employée de bureau de change lui signale que le Nigeria est sur liste noire, elle ignore l’alerte.
« Il m’a dit qu’il avait trouvé deux enfants malades. Cela m’a vraiment touchée. Je voulais l’aider ». L’homme lui demande aussi d’acheter des cartes-cadeaux, qu’elle photographie et transmet : un procédé utilisé dans de nombreuses arnaques pour ensuite les convertir en bitcoins ou achats anonymes en ligne.
Chantage et humiliation
Un jour, « Leonardo » lui demande des photos intimes pour fêter son « anniversaire ». Caroline, alors entièrement sous son emprise, cède. Sauf que lorsqu’elle commence à douter, le ton change brutalement. « Il a dit qu’il enverrait les nudes à mon frère, à deux amis. Je lui avais donné leurs noms, leurs numéros. Oui, c’était très stupide », reconnaît-elle avec douleur.
Menacée de voir sa vie privée exposée, elle se retrouve piégée, honteuse, et désormais ruinée. Elle perd près de 5 000 euros. Pire encore, son entourage la blâme au lieu de la soutenir : « Tu es folle, idiote, attardée », lui lancent certains, selon ses dires.
Un fléau numérique en pleine explosion
Cette arnaque n’est malheureusement pas un cas isolé. Les escroqueries sentimentales, qui exploitent la vulnérabilité émotionnelle de leurs victimes, sont en forte progression. Les auteurs, souvent installés en Afrique de l’Ouest ou en Asie, utilisent l’image de célébrités comme Leonardo DiCaprio, Keanu Reeves ou Brad Pitt pour instaurer rapidement une relation de confiance.
Ces « cyber-romances » évoluent rapidement vers des échanges confidentiels, dans des applications comme Google Hangouts, loin des plateformes publiques. Le scénario est toujours habile : attention, empathie, confidences… puis vient le moment où l’aide financière est sollicitée.
Des vies bouleversées, une honte silencieuse
Comme beaucoup de victimes, Caroline a longtemps gardé le silence, paralysée par la honte et la peur du jugement. Ce n’est qu’en tombant sur des témoignages similaires qu’elle a commencé à comprendre les mécanismes en jeu. « Je savais au fond de moi que quelque chose n’allait pas. Mais je voulais être là pour lui ».
Son témoignage, aujourd’hui public, brise un tabou tenace : celui de tomber dans le piège de l’amour virtuel. Ce n’est ni naïf, ni « bête », mais souvent le résultat d’une manipulation psychologique complexe, renforcée par la solitude ou un besoin d’attention sincère.
L’histoire de Caroline van Eck met ainsi en lumière une réalité dérangeante : sur internet, l’amour peut devenir une arme. Pour lutter contre ces arnaques, il est essentiel de sensibiliser, de briser le silence, et de ne jamais juger les victimes. Ces escroqueries ne visent pas uniquement l’argent : elles brisent aussi des vies, des liens, et l’estime de soi. En parler, c’est commencer à s’en protéger.