Les femmes et les jeux en ligne : évolution, comportements, pratiques

Qu’il s’agisse de miser sur ses chiffres « porte-bonheur » ou de mettre un billet sur son équipe sportive fétiche, les jeux d’argent sont bien ancrés dans les mœurs. Si auparavant, ils se pratiquaient dans les bureaux de tabac ou les casinos, aujourd’hui ils se déroulent à même le web. Une digitalisation qui a ouvert la voie aux femmes. Elles ne sont plus destinées au rôle second de croupière ni condamnées à meubler le décor. Elles s’esquissent désormais comme des adversaires redoutables. La gent féminine tente de rebattre les cartes de ce milieu éminemment masculin. Femmes et jeux d’argent en ligne, serait-ce là une combinaison gagnante pour l’égalité ? Les dés sont jetés. 

L’intérêt des femmes pour les jeux d’argent en ligne

Les jeux d’argent, longtemps monopolisés par les hommes, se féminisent doucement, mais sûrement. En France, les données manquent encore à l’appel, mais d’autres pays ont largement démontré cet enthousiasme grandissant.  Indépendance financière, anonymat du web, féminisme intériorisé… voilà les trois ingrédients qui ont encouragé les femmes à jeter leur grappin sur les cagnottes 2.0. D’après une étude YouGov menée outre-Manche, 40 % des femmes en Grande-Bretagne jouent en ligne, principalement pour le « fun ».

Cependant, elles auraient un attrait tout particulier pour les jeux sociaux qui en appellent aux liens humains et au déchiffrage psychologique. Selon une autre étude américaine, les femmes seraient plus friandes des jeux d’argent en ligne qui impliquent une expérience de groupe. Elles préféreraient s’en remettre à leur intuition plutôt qu’à des exigences stratégiques.

Quoi qu’il en soit, ce tournant féminin est symbolique. Il traduit une fervente envie de « dégenrer » la pratique des jeux d’argent en ligne et un revirement sociétal encourageant. En s’égrainant sur le web, les jeux d’argent se sont soustraits de leur dogme machiste. Et les femmes n’ont pas attendu pour saisir ce trèfle tendu.

Les jeux de casino devenus une affaire de femmes ?

À l’origine les casinos ont été pensés comme des temples de divertissement pour « hommes ». Le premier, érigé à Venise en 1626, se destinait à accueillir des messieurs de la noblesse. Puis, au fur et à mesure, les casinos sont devenus des lieux de perdition, hostiles à toute présence féminine. Mais ça c’était avant que les casinos ne s’installent sur petit écran.

Depuis cette bascule, les hommes se couchent et les femmes se lèvent. Des statistiques récentes révèlent que les femmes représentent 42 % des joueur.se.s de casinos virtuels. Beaucoup moins exposées aux ritournelles sexistes que dans les casinos physiques, les femmes peuvent jouer librement sans critiques « parasites », ni gestes déplacés. Elles s’isolent également des tabous assourdissants qui s’agrippent à leur « gestion de l’argent ».

Un vrai joker qui les propulse même parfois en haut des compétitions. Ainsi, la Suédoise Annette Obrestad, remportait le Main Event des World Series of Poker Europe à seulement 18 ans et récoltait la fabuleuse somme de 2 millions de dollars. Face à cette effervescence féminine, certains sites spécialisés vont même jusqu’à créer des tournois de « Ladies ».

Cependant, malgré cette avancée positive, les femmes souffrent encore d’une glamourisation excessive. Il suffit d’accoler les mots « femmes » et « poker » sur Google pour s’en rendre compte. Le panel, pas très objectif, des « joueuses les plus sexy » s’affiche en premier. Autre problème : si les femmes s’adonnent de plus en plus aux jeux d’argent en ligne, c’est surtout pour fuir une réalité très misogyne.

Des comportements différents entre hommes et femmes

Face aux jeux d’argent en ligne, femmes et hommes n’ont pas les mêmes motivations. C’est ce que révélait une étude d’Inspecteur Casino. Les hommes jouent pour l’appât du gain, de façon « intéressée » tandis que les femmes appréhendent plutôt le jeu comme une façon de se détendre. Ces messieurs apprécient les montées d’adrénaline procurées par la compétition et sont donc plus enclins à miser des sommes conséquentes.

À l’inverse, ces mesdames sont séduites par les promesses ludiques et relaxantes du jeu. Deux approches totalement paradoxales qui s’en tiennent à des codes profondément archaïques. Les hommes ont un caractère tempétueux tandis que les femmes versent dans la douceur.

Stratégie pour les hommes, hasard pour les femmes

Les femmes font preuve de prudence comparativement à leurs homologues, plus impulsifs. Elles se contentent des jeux qui demandent peu d’efforts de mémorisation et intellectuels. Le Bingo figure d’ailleurs parmi les jeux les plus demandés chez les femmes. C’est-à-dire un jeu d’instinct où le seul objectif est de remplir sa grille de nombres en premier.

Les femmes s’en remettent donc souvent à la chance et au pifomètre. Leurs confrères, eux, ne jurent que par le poker et le blackjack. Soit des jeux qui s’apparentent à une démonstration de compétences.

Des réactions antinomiques dans la défaite

Selon cette étude de 2017, femmes et hommes n’ont pas non plus les mêmes attitudes en cas de défaite. Les hommes manifestent des relents de colère, une rage démesurée et même une certaine violence. Dans les lieux physiques, ils ont même tendance à taper sur les machines et à insulter le personnel.

L’opposé polaire des femmes qui répondent par les larmes et la désolation. Elles montrent plus de signes de tristesse ou de détresse lorsqu’elles perdent de l’argent au casino.

Les hommes, plus touchés par les addictions

Les hommes, plus immodérés et impatients que leur consoeur, basculent facilement dans l’engrenage dangereux du « no limit ». Ça se remarque, encore une fois, dans les statistiques. Une femme jouant dans un casino en ligne passera en moyenne 21 mois de jeu dans sa vie alors qu’un homme lui y consacrera que 14 mois.

Les hommes jouent moins souvent, mais leur folie gagnante les fait sortir de la raison. Ils vont donc être capables de se mettre dans le rouge simplement parce qu’ils pensent que la fortune est proche. D’ailleurs, 87 % des appels reçus par le service d’assistance danois Stop Spillet dédié aux addictions de jeu proviennent des hommes.

Les jeux d’argent en ligne permettent aux femmes de s’émanciper sur un terrain qui leur était jusqu’alors barré. De quoi faire table rase sur les clichés et autres stéréotypes qui s’accrochent à leur pouvoir financier. C’est le même combat pour les gameuses !

Les jeux d’argent en ligne, en plein boom

L’engouement pour les jeux d’argent en ligne atteint des sommets dans notre société. Depuis que les pratiques ont migré sur le net, les joueur.se.s se multiplient. Plus besoin d’aller chercher sa grille chez le.a buraliste situé.e de l’autre côté de la ville pour jouer au loto ou de s’habiller en grande pompe pour lancer une roulette, internet propose une approche moins formelle et plus accessible. Il existe même des classements des jeux les plus « fructueux » comme c’est le cas sur ce site. Un coup de maître puisque les chiffres ne cessent de s’envoler. Selon une étude, plus de 60 % des Français.es ont parié à un jeu d’argent et de hasard en 2021.

Les jeux de loterie caracolent en tête avec près de sept joueur.se.s sur dix, suivis par les paris sportifs, les jeux de eSport, le poker, les jeux de casino et enfin les paris hippiques. Un marché en très bonne santé qui doit surtout son succès à son aspect récréatif et ses gains particulièrement alléchants. Au-delà du côté lucratif, les jeux d’argent en ligne permettent surtout un confort et une diversité peu octroyés dans les espaces réels. C’est d’ailleurs ce qui a encouragé les femmes à pousser les portes de ce monde dopé à la testostérone.

Même si, selon l’étude de l’Autorité de Régulation des Jeux en ligne (ANJ), le profil type reste toujours le même, soit l’homme trentenaire, cette confidentialité du web incite les femmes à rejoindre la partie. L’univers virtuel provoque un sentiment de légitimité et de sûreté qui facilite l’entrée en matière. Rien à voir avec l’ambiance intimidante des bureaux de tabac où des troupeaux d’hommes bêlent devant une télé.

Jouer comporte des risques : endettement, isolement, dépendance. Pour être aidé.e, appelez le 09-74-75-13-13 (appel non surtaxé).

Article partenaire.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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