L’été arrive, les températures montent… et les débats sur les tenues des femmes aussi. Entre remarques déplacées, injonctions vestimentaires et politiques de « décence », le short porté par les femmes continue de cristalliser les tensions, au bureau comme dans la rue. En 2025, pourquoi un vêtement aussi banal reste-t-il encore aussi problématique ?
Le short, un vêtement sous haute surveillance
Qu’il soit en jean, en lin ou encore en coton léger, le short reste un élément vestimentaire typiquement estival. Pourtant, lorsqu’il est porté par des femmes, il est régulièrement l’objet de jugements. Trop court, trop moulant, trop « provocant », le vêtement en lui-même semble n’être jamais « juste ce qu’il faut ».
Dans de nombreuses entreprises, les codes vestimentaires, souvent implicites, tolèrent difficilement l’exposition des jambes des femmes au-dessus du genou. Résultat : des femmes se voient sommées d’« ajuster » leur tenue, parfois avec humiliation ou condescendance, sous couvert de « professionnalisme » ou de « respect du cadre ».
Quand la tenue devient un débat public
En mai 2025, l’expérience d’Alejandra Carreño, employée dans une association de logements sociaux en Californie, a relancé le débat sur les normes vestimentaires genrées. Venue travailler avec un haut noir, des talons et un short en jean qui s’arrêtait mi-cuisse, elle raconte avoir essuyé quelques remarques de collègues, avant qu’un manager ne lui signale qu’un signalement anonyme avait été fait concernant sa tenue.
« On m’a dit : ‘Quelqu’un a mentionné une plainte à propos de ton short. Les shorts courts ne sont pas autorisés’ », rapporte-t-elle à PEOPLE magazine. Sauf que le règlement de son entreprise ne mentionne nulle part une interdiction de ce type. « Pour moi, ils semblaient tout à fait corrects. ‘Je pense que tu es très bien habillée, mais je dois quand même te le signaler’ », aurait ajouté son supérieur.
Ce flou dans les règles et l’application à géométrie variable des codes vestimentaires interroge. Pourquoi un short passe-t-il inaperçu sur un homme, mais devient-il problématique sur une femme ? Pourquoi tant de règlements continuent-ils de juger les vêtements portés par les femmes selon leur « potentiel de distraction » ?
@faithxfe These were considered “short shorts” 🤸♀️ #outfitinspo #outfitideas ♬ delulu – NESYA
Des règles pas si neutres
Derrière l’apparente neutralité des dress codes, de nombreuses études ont montré une application genrée et parfois sexiste des normes vestimentaires. Le corps des femmes, plus sexualisé socialement, est davantage encadré et limité. Un short devient alors non seulement un vêtement, mais un déclencheur de commentaires, d’interprétations, voire de sanctions.
Le discours autour de la « tenue appropriée » varie aussi selon le lieu, la classe sociale ou le type de métier. Une ingénieure en start-up n’aura pas les mêmes contraintes qu’une vendeuse dans un centre commercial ou une fonctionnaire en mairie. Même si, dans tous les cas, ce sont majoritairement les femmes qui sont sommées d’anticiper le regard des autres, et donc de se couvrir.
Une lutte générationnelle… et féministe
Pour une nouvelle génération de travailleuses, le short devient aussi un symbole d’autonomie corporelle. Le porter, c’est parfois affirmer un droit à la légèreté, au confort, à la neutralité. Sur les réseaux sociaux, des témoignages de femmes ayant été critiquées, averties, ou même renvoyées à cause de leur tenue estivale gagne ainsi en visibilité.
Certaines entreprises commencent aussi à assouplir leurs règles en matière de dress code, mais cela reste marginal. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas seulement un centimètre de tissu de plus ou de moins : c’est la liberté de disposer de son corps, de ne pas en faire un sujet public, ni un terrain d’interprétation morale.
En 2025, il est temps d’interroger pourquoi la tenue des femmes est encore l’objet de tant de projections, de règlements implicites et de polémiques inutiles. Le short n’est pas une provocation. C’est un simple vêtement. Et tant que son port continuera d’être plus scruté que la compétence de celle qui le porte, la société aura encore du chemin à faire.