Avec neuf nominations aux Emmy Awards 2025, la série « Hacks » confirme qu’elle est bien plus qu’une comédie. En mêlant humour mordant et réflexions profondes sur le travail, la maternité, l’ambition ou encore la solidarité féminine, la saison 4 répond à une question aussi vieille que mal posée : que veulent les femmes ?.
Une série drôle… et profondément politique
Diffusée sur Max (HBO), la quatrième saison de « Hacks » continue de suivre les aventures de Deborah Vance, pionnière de la scène comique américaine (incarnée par l’actrice et productrice américaine Jean Smart), et d’Ava Daniels, sa jeune autrice un peu perdue (jouée par la comédienne, actrice et écrivaine américaine Hannah Einbinder). Cette saison va toutefois plus loin. Elle transforme leur rapport, autrefois conflictuelle et intergénérationnelle, en partenariat solidaire, face à une industrie où les femmes doivent sans cesse prouver leur légitimité.
Cette saison, l’un des fils rouges narratifs s’intéresse au lancement de l’émission fictive « Late Night With Deborah Vance » : le premier talk-show de fin de soirée animé par une femme. L’objectif : attirer les téléspectrices, notamment les femmes de 25 à 45 ans, cible stratégique, mais souvent négligée. Sauf que comment parler aux femmes sans tomber dans les clichés ?
« Wine moms » ou congé parental : quelle réalité voulons-nous à l’écran ?
Dans l’épisode 5, « Clickable Face », Ava propose d’intégrer une blague sur les 500 jours de congé parental en Suède. Deborah refuse, « trop déprimant », et opte pour un sketch sur les « wine moms » – ces mères épuisées qui noient leur stress dans le rosé. Le gag tombe à plat. Ce choix éditorial, inspiré des logiques de marketing télé, illustre à merveille un débat central de la série : faut-il lisser les récits pour séduire, ou oser l’authenticité, même inconfortable ?
Les scénaristes de « Hacks » tranchent : les femmes veulent qu’on prenne leurs vies au sérieux. Et c’est confirmé par les chiffres. Selon une étude citée dans la série, 87 % des spectatrices déclarent que voir à l’écran des récits autour du travail, de la parentalité ou des soins leur permet de se sentir comprises, voire inspirées à agir dans leur propre vie.
Sororité, échec et reconquête de soi
Au fil des épisodes, les personnages féminins – Ava, Deborah, mais aussi DJ (la fille de Deborah) ou Nina (la mère d’Ava) – se confrontent à des thèmes rarement traités avec autant de subtilité dans une série comique :
- la charge mentale des mères,
- la culpabilité de ne pas être à la hauteur,
- les choix de vie hors normes,
- et même le droit de ne pas vouloir devenir parent.
Ce n’est qu’en assumant cette complexité que la série « Hacks » trouve son ton juste – et que l’émission de Deborah, dans la fiction, finit par devenir numéro un des audiences, précisément parce qu’elle cesse de lisser son message.
Un modèle de production féminine ambitieuse
Derrière la caméra, « Hacks » est aussi une réussite collective. Co-créée par Lucia Aniello, Paul W. Downs et Jen Statsky, la série donne la parole à une équipe majoritairement féminine, à l’écriture comme à la production. Jennifer Aniston, dans un récent entretien, évoquait « le plaisir de créer entre femmes, sans compétition stérile, mais avec écoute, ambition et élégance ». « Hacks » en est un exemple concret.
Une fin pas heureuse… mais profondément juste
Attention spoiler… La saison ne se termine pas par un happy ending classique. Deborah et Ava doivent encore faire face à des compromis douloureux, notamment face aux exigences d’un système médiatique toujours dominé par la rentabilité. Cette fois, elles choisissent toutefois la solidarité : Deborah refuse d’écraser Ava pour sauver son émission, et défend l’intégrité du projet qu’elles ont bâti ensemble. Ce geste, à lui seul, résume ce que la série « Hacks » réussit à faire depuis le début : montrer que les femmes peuvent avancer ensemble, en se soutenant, en se confrontant parfois, mais sans renoncer à leur voix.
Avec sa saison 4, « Hacks » confirme ainsi qu’elle est bien plus qu’une série comique. Elle est un miroir tendu vers les femmes d’aujourd’hui, un espace où leurs réalités sont représentées avec justesse, nuance et beaucoup d’esprit. En s’interrogeant sur « ce que veulent vraiment les femmes » – de la reconnaissance, de l’authenticité, du respect – elle rappelle que le divertissement peut aussi être un acte de résistance, une manière de valider les existences souvent reléguées hors champ.