Qu’est-ce que le « backlash féministe » ou recul féministe ?

Malgré la longévité de la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, le féminisme est toujours un mouvement assez incompris. La société a certes progressé, mais dans une certaine mesure le mouvement connaît des difficultés voire recule, c’est le « backlash féministe ». Explorons en profondeur ce que signifie ce terme, comment il se manifeste et quel est son impact sur la lutte en faveur des droits des femmes.

Quand les droits des femmes régressent…

Le féminisme est un mouvement social qui cherche à établir l’égalité des sexes. Le « backlash » fait référence à une réaction contre les avancées du mouvement. C’est un terme anglais qui décrit précisément une « situation qui connaît un contrecoup ou un retour de bâton ». En d’autres termes, le « backlash féministe » représente une réalité visant à réprimer les droits des femmes et à contrer les avancées féministes.

Si le siècle passé a été marqué par de nombreuses avancées sociales et qu’aujourd’hui certaines choses bougent toujours en faveur de l’égalité des sexes, il existe malheureusement une résistance aux progrès féministes. Des principes que l’on pensait acquis sont même remis en cause (exemple : droit à l’avortement). Le « backlash féministe » trouve ainsi ses racines dans la peur du changement.

Comment se manifeste le backlash féministe ?

Le « backlash féministe » n’est malheureusement pas un phénomène nouveau. C’est un cycle récurrent de résistance aux progrès féministes. En ce sens, il peut se manifester de plusieurs manières, certaines plus subtiles que d’autres. Voici quelques-unes de ses manifestations les plus courantes :

  • Violence misogyne. Au fil des années on note une augmentation des actes de violence dirigés contre les femmes (violence domestique, harcèlement en ligne, agressions sexuelles, etc). Cette violence genrée est perpétrée dans le but de faire taire les femmes qui osent s’exprimer, vivre libres, revendiquer leurs droits.
  • Législation rétrograde. L’adoption de lois qui restreignent les droits des femmes, notamment en matière de reproduction ou d’accès à l’éducation. Ces lois sont souvent justifiées au nom de la « protection » des femmes, mais elles ont pour effet réel de limiter leur autonomie.
  • Rhétorique antiféministe. L’utilisation de discours négatifs et de stéréotypes pour discréditer le mouvement féministe et les revendications des femmes (remarques sexistes, commentaires dégradants, critiques injustifiées, etc).
  • Défiance envers les revendications féministes. La remise en question ou la minimisation des problèmes auxquels sont confrontées les femmes (disparités salariales, harcèlement sexuel, discriminations, etc).
  • Censure médiatique. Les femmes qui osent prendre position pour l’égalité des sexes sont parfois exclues des plateformes médiatiques ou font l’objet de campagnes de dénigrement (désinformation genrée)

Comment expliquer ce phénomène de recul ?

Pour comprendre cette tentative de revenir en arrière sur les droits et les progrès acquis par les femmes, il est essentiel d’analyser les facteurs sociaux, culturels et politiques qui contribuent à ce phénomène. Comprendre les mécanismes sous-jacents du « backlash féministe » est crucial pour le contrer.

La faute à certains médias

Certains médias perpétuent des stéréotypes de genre, des idées préconçues sur les féministes. Ou encore donnent une voix disproportionnée aux opposant.e.s au mouvement féministe. En diffusant des discours hostiles et en alimentant la désinformation, ils contribuent ainsi (plus ou moins consciemment) à créer un climat de méfiance envers le féminisme.

La manipulation de l’information est de plus en plus courante avec le développement des réseaux sociaux et la recherche du scandale médiatique. Le mouvement féministe est alors décrédibilisé, les objectifs perdus de vue. Le débat publique va même jusqu’à se concentrer sur des questions futiles, comme « qui doit payer l’addition à un premier rendez-vous ».

La théorie du « stratagème de la Nouvelle Droite » de Susan Faludi

Le « backlash féministe » est étudié depuis les années 90 par l’autrice américaine Susan Faludi. Sa théorie suggère que le recul féministe n’est pas simplement une réaction spontanée de la société face aux progrès des femmes. Plutôt une stratégie élaborée par des groupes conservateurs pour contrer ces avancées. Autrement dit, des mouvements politiques et sociaux sont délibérément constitués afin de saper les acquis féministes.

Susan Faludi souligne finalement l’importance de rester vigilant.e et engagé.e dans la lutte pour l’égalité des sexes. Les avancées peuvent être vulnérables aux contrecoups soigneusement orchestrés. Cette idée s’est d’ailleurs illustrée lors du confinement en 2020. Ce sont les femmes qui ont majoritairement perdu leur travail. Sans oublier les chiffres affolants sur les violences domestiques perpétuées envers les femmes observés pendant cette période.

Selon Susan Faludi, ces évènements ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont de la responsabilité d’une « bataille culturelle » menée par des lobbyistes de ce qu’elle appelle « la Nouvelle Droite ». Le mouvement Me Too est une nette illustration de ce retour de bâton. Son but était en effet d’encourager la prise de parole et la dénonciation de comportements sexistes et dangereux. Problème : les femmes qui osent s’exprimer sont majoritairement décrédibilisées.

« Backlash féministe » : pourquoi est-ce une mauvaise chose pour le féminisme ?

Le « backlash féministe » a des conséquences significatives pour la lutte en faveur des droits des femmes. Il remet en question la validité des revendications féministes et entrave la marche vers l’égalité. Les droits des femmes, considérés comme acquis, sont alors remis en question.

Il peut également dissuader certaines femmes de s’engager dans des mouvements féministes, par peur des répercussions négatives. Inutile de vous faire un schéma pour vous montrer en quoi tout ceci est une mauvaise chose pour le féminisme…

Le « backlash féministe » renforce ainsi la nécessité de poursuivre le combat pour un monde égalitaire. L’avortement n’est plus un droit fondamental aux États-Unis, le nombre de féminicides en France n’est pas en baisse, l’égalité salariale n’est toujours pas atteinte… Ne laissons pas le backlash gagner la partie ! Le féminisme est un mouvement essentiel pour l’égalité des sexes et la justice sociale.

Zoé Tavares
Zoé Tavares
Je vis ma toute première aventure de rédactrice aux côtés de The Body Optimist. Je me lève chaque matin avec l'envie de rendre ce monde meilleur pour moi, mes proches et le reste du monde avec qui je partage d'une certaine manière, une part de vie commune. En grandissant, je me rends compte que la seule chose que je peux changer c'est moi-même, en me donnant les moyens d'évoluer vers la personne que je rêve d'être. Merci à la rédaction de me permettre de me rapprocher d'une version épanouie et fière de moi-même. J'espère illuminer la vie de nos incroyables lecteurs.rices grâce à nos super conseils.
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