Être une personne intersexe : ça veut dire quoi ? 5 idées reçues à entériner

Dans le sigle LGBTQIA+, le I fait référence à l’intersexualité ou intersexuation. Un terme qu’encore aujourd’hui, bon nombre de personnes ne comprennent pas vraiment. On vous explique ce que veut dire être une personne intersexe et surtout on va déconstruire, avec vous, toutes les fausses idées à ce sujet. 

Être intersexe, ça veut dire quoi ?

Avant de vous lister toutes les fausses idées sur l’intersexuation, laissez-nous vous expliquer ce que cela veut dire. Beaucoup aujourd’hui ne font pas la différence entre le genre, le sexe et l’orientation sexuelle d’une personne. Et c’est sur cette subtilité-là que repose l’intersexuation.

Le genre est plutôt une construction sociale selon laquelle on attribue à la personne un rôle féminin ou masculin. Tandis que le sexe, correspond seulement aux caractéristiques biologiques et génétiques de l’individu.e. C’est-à-dire, un vagin pour une femme ou un pénis pour l’homme.

Pour résumer, même si vous avez un sexe masculin, cela ne vous empêchera pas de vous sentir plutôt femme, homme ou aucun des deux genres et d’avoir une attirance sexuelle envers un homme ou une femme ou un autre genre.

Mais que fait l’intersexuation là-dedans ? Eh bien, cette notion repose justement, sur les caractéristiques biologiques des personnes et non sur leurs genres ou leurs orientations sexuelles. Être une personne intersexe signifie qu’à la naissance ou à la puberté les parties intimes sexuelles et les organes internes et externes (pilosité, masse musculaire, développement mammaire) sont difficiles ou impossibles à définir comme masculins ou féminins. Les organes sexuels sont souvent atrophiés. Ainsi, le terme intersexe s’emploie pour décrire des variations naturelles du corps.

« Au lieu de se féminiser, mon corps a commencé au contraire à se masculiniser. Des poils ont poussé. Ma musculature s’est développée, mais pas mes seins », confie Sylviane à propos de son intersexualité, à RTBF

À noter, cette caractéristique n’influe pas sur l’orientation sexuelle et le genre. Une personne intersexe peut être hétérosexuelle, comme gay, lesbienne, bi ou encore asexuée et peut s’identifier au genre masculin, féminin ou un autre (non binaire, etc.).

Maintenant que vous savez ce qu’est être intersexe, il sera beaucoup plus simple pour vous d’éviter de véhiculer des clichés. Et en voici 5 à bannir !

1 – On est obligatoirement un homme ou une femme

Vous l’aurez compris, c’est tout à fait faux. Tout d’abord, parce que près de 1,7 % de la population mondiale naît avec des caractères intersexués (source UNEF). En France, 13 600 personnes intersexes naissent tous les ans. Et d’autre part, comme expliqué au-dessus, naître avec un pénis ou un vagin ne définit pas notre genre.

Donc, bien que la société nous attribue des rôles dès la naissance, nous ne sommes pas obligé.e.s de nous reconnaître dans ce schéma binaire. Certain.e.s même, ne s’identifient à aucun genre ou aux deux en même temps. On parle alors de non-binarité.

2 – Être intersexe c’est pareil qu’être transgenre

C’est encore une fois un grand NON. La transidentité, ou être transgenre, signifie tout simplement que le genre de la personne (fille ou garçon) est différent du sexe attribué à la naissance. Tandis que l’intersexualité ne se rapporte qu’aux caractéristiques des organes sexuels.

Toutefois, une personne intersexe peut se considérer comme trans. De fait, l’intersexuation et la transidentité sont deux choses bien distinctes, car le sexe et le genre sont dissociables.

3 – Les personnes intersexes ne subissent aucune discrimination

Notre société est dictée par des normes sociales relatives au genre. Nous devons être soit des femmes soit des hommes. Face à cela, les personnes appartenant à la communauté LGBTQIA+ et plus précisément les intersexué.e.s subissent de nombreuses discriminations.

En effet ces personnes se heurtent à des discriminations, notamment dans le sport. Repensons à l’affaire Caster Semanya, de 2019. L’International Amateur Athletics Federation avait mis en place des règles obligeant les athlètes intersexes, présentant un taux élevé de testostérone, de le baisser par prise d’hormones au risque d’être exclu.e.s des jeux.

Une décision que l’athlète sud-africaine a rejeté en appel et a défendu bec et ongles au travers d’une lettre ouverte à l’attention de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme. Aujourd’hui, la participation des personnes intersexes et transgenres dans le sport fait encore débat.

4 – L’intersexualité est une anomalie et doit être guérie

Devant la dureté des normes sociales relatives au genre, il est devenu courant que les personnes intersexes soient contraintes de subir des opérations chirurgicales risquées, voire irréversibles pour rentrer dans les cases.

Mais, même avec toutes les bonnes intentions des parents ces interventions peuvent entraîner de graves conséquences. Entre autres, la stérilité, l’incontinence, la perte de sensation des organes génitaux, des douleurs physiques et mentales comme la dépression, sur le long terme. Tout ceci uniquement pour ne plus subir de discriminations et entrer dans les normes. Mais sachez-le, être intersexe n’est pas une anomalie. Ce qui en est une, ce sont les stéréotypes qui peuvent être préjudiciables aux personnes.

5 – Personne ne défend les intersexes

Contrairement aux idées reçues, il existe des associations qui militent pour le droit de ces individu.e.s, notamment le Collectif Intersexe Activiste – OII France. D’ailleurs, le 8 novembre est la Journée internationale de solidarité intersexe.

En outre, en 2015, 30 organisations militantes ont élaboré la Déclaration de Malte pour revendiquer les droits des personne intersexes. Malte est devenu le premier pays européen à adopter une loi contre tout traitement ou intervention chirurgicale sur mineur.e.s sans consentement. Le Portugal a suivi en 2019, puis l’Allemagne et l’Islande en 2021.

Le combat des personnes intersexes et la lutte contre les discriminations ne sont pas encore terminés. Bannir les clichés et s’intéresser à leur situation est déjà un pas vers le progrès. Et pour soutenir la communauté LGBTQIA+ voici 5 conseils.

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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