Poils aux tétons : voici pourquoi il ne faut pas s’en débarrasser

Des aisselles à l’entrejambe en passant les doigts de pieds, le corps est parsemé de poils plus ou moins discrets. Si chez les hommes ils se dressent comme des totems de virilité, chez les femmes ils sont encore victimes d’une chasse sans pitié. Même les zones sensibles sont encore soumises à l’impitoyable pince à épiler. Les petits poils qui se battent en duel autour des tétons n’y échappent pas non plus.

Pourtant, il vaudrait mieux les laisser s’épanouir en paix autour de l’aréole. Sinon le mamelon risque de prendre cher. Ce serait dommage d’abîmer une zone érogène aussi réactive simplement pour coller au standard de la peau juvénile. Focus sur cette pilosité, encore plus taboue que celle du pubis. 

Poils aux tétons : un phénomène à normaliser

Pendant les Brit Awards de 2019, Lilly Allen a ouvert le dialogue sur les poils aux tétons en partageant une anecdote très évocatrice. Alors que la chanteuse portait une robe aux tons nudes et aux finitions transparentes, sa maquilleuse a préféré lui retirer ses poils aux tétons pour faire « plus propre ». Complètement abasourdie, elle a déclaré au média britannique Refinery29 : « je ne savais même pas qu’ils étaient là”. Une histoire qui résume à merveille l’hostilité de la société envers ces poils pourtant bien rangés derrière un soutien-gorge ou un vêtement.

Si la pilosité féminine est toujours jetée en disgrâce, celle qui se concentre autour des seins semble encore plus inadmissible selon les codes de beauté. Ces quelques mèches qui saupoudrent le mamelon sont, elles aussi, condamnées pour injure au glamour. À tort. Ces poils, qu’ils soient microscopiques ou vivaces, n’ont rien de bizarre ou de surnaturel.

Ils sont souvent l’héritage d’un déséquilibre hormonal ou de facteurs héréditaires. Les poils aux tétons prennent généralement leur quartier à la puberté, lorsque le corps acquiert de nouvelles hormones « sexuelles ». Ils témoignent souvent d’un taux de testostérone plus élevé que la moyenne. Pas de quoi s’affoler donc.

Grossesse, ménopause, changement de contraception… tous ces bouleversements hormonaux sont susceptibles de faire apparaître des filaments au bout des seins. Ces poils aux tétons peuvent également être une des conséquences du syndrome des ovaires polykystiques. Autrement dit, c’est un bon indicateur pour déchiffrer sa santé intime. Même si concrètement ils n’ont pas une grande utilité, il est préférable de ne pas y toucher.

« Il existe de petites glandes appelées glandes de Montgomery, et celles-ci sécrètent une matière sébacée destinée à lubrifier et à garder la peau humide autour du mamelon afin que vous ayez des mamelons sains pour l’allaitement », explique le Dr Dweck au Cosmopolitan UK

Poils aux tétons : les dommages de l’épilation

Les poils aux tétons, injustement bannis de la société, sont régulièrement soumis au destin tragique de l’épilation. Mais cette obsession de la peau glabre peut grandement dégrader l’état des mamelons. Un geste de travers, un outil mal désinfecté, un mouvement trop brusque et l’aréole finit presque « charcuter ».

Des risques de micro-lésion

Déclarer la guerre aux poils de tétons à coup de cire chaude et de pince à épiler n’est certainement pas la meilleure option. Certes, lorsque les complexes frappent fort, ce défrichage est tentant. Mais la chaleur extrême dégagée par la cire (qui frôle presque les 40°C) risque d’endommager la barrière cutanée des seins et de laisser des brûlures sur son passage. Par la suite, le moindre contact avec un habit sera douloureux.

Même son de cloche pour les caresses sensuelles. En effet, la peau de l’aréole est beaucoup plus fine que le reste du corps. Elle fait entre 15 et 30 mm d’épaisseur. C’est un peu comme du papier calque. La simple petite agression sonnera donc avec plus d’impact.

Des mamelons fragilisés

Il est vrai que les mamelons sont plutôt bien armés pour résister aux succions de bébé après une grossesse. En revanche, ils le sont moins face aux techniques dépilatoires, parfois barbares. Abrasives, brutales et lancinantes, elles ont tendance à dénaturer l’aréole.

C’est encore pire lorsque les gestes sont exécutés au pifomètre, sans grande conviction. Comme les autres mèches du corps, les poils aux tétons reviendront toujours à l’assaut malgré les pires techniques d’éradication. Alors, à quoi bon les arracher ? Si nos ancêtres préhistoriques nous voyaient à l’œuvre, ils se moqueraient volontiers.

La prolifération de bactéries

Le rasoir tout comme la pince à épiler sont des aimants à microbes. Il suffit que ces ustensiles aient traîné dans une trousse de toilette poussiéreuse ou un coin de la salle de bain mal nettoyé pour qu’ils prennent une tournure « dangereuse ».

En cas de lésion, ces bactéries peuvent s’infecter et créer une inflammation des follicules pileux, plus connue sous le nom de folliculite dans le jargon médical. Selon une étude Microbian, cinq millions de bactéries se baladent sur un simple manche de rasoir humide. Alors, imaginez ailleurs…

Même si les poils aux tétons font l’objet de toutes les critiques, ils sont mieux à leur place qu’entre les griffes d’une pince à épiler. La santé en dépend. Alors plutôt que de les déraciner, mieux vaut envisager une cohabitation plus saine et apaisée avec eux. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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