Son corps brise les codes et enflamme la Fashion Week de Paris !

Lors de la Fashion Week de Paris 2025, une silhouette a captivé tous les regards sur le podium. Ce corps bien formé venu présenter la collection printemps-été de la maison Givenchy appartient à la mannequin réunionnaise Emeline Hoareau. En plus d’imposer son charme solaire sous la grisaille parisienne, la jeune femme rééquilibre le casting, qui penche plus vers le petit 36 que le bon 40. Plus en chair que ses collègues de catwalk, elle possède un physique dit familier pour la mode, qui rassure les spectatrices au lieu de les culpabiliser.

Une silhouette dite généreuse déjà iconique

Au plus fort de la Fashion Week, les mannequins au physique frêle et aux formes discrètes disparaissent derrière les vêtements griffés. Elles passent presque inaperçues derrière ces nobles coutures. C’est d’ailleurs certainement une stratégie bien rodée des grandes maisons pour que l’œil se concentre sur les étoffes et se contente d’admirer le vêtement, pas la muse en fond. Plébisciter des silhouettes minces n’est pas seulement un choix esthétique. C’est aussi une manière de faire ressortir les créations textiles et d’utiliser le corps seulement en guise de « support ».

À l’issue du défilé Givenchy, Emeline Hoareau a dérogé à ce grand principe de la mode pour se hisser au premier plan et s’affirmer devant un ensemble en cuir cousu pour sa morphologie. Une démarche faussement nonchalante, un pas sûr et des hanches qui disent « j’existe », le public sur le front row s’est extasié silencieusement. Plongée dans un soutien-gorge en cuir suspendu à un fil et une jupe assortie à l’effet drapé, la mannequin a attiré tous les superlatifs dans la bouche des invités. « Notre adhésion immédiate au physique de cette jeune femme devrait faire réfléchir les maisons. De quoi avez-vous peur ? Est-ce que ce ne serait pas complètement démodé, tout simplement, votre façon de voir ? », questionnait adroitement la célèbre journaliste Sophie Fontanel.

Sur le bitume, son physique n’aurait rien d’extraordinaire et se fondrait dans la foule. Or, à la Fashion Week, événement qui donne du poids aux diktats, mais qui oublie d’en attribuer aux silhouettes, il a presque quelque chose de militant. Seule mannequin midsize du casting, elle arbore la taille la plus portée par les femmes : le 40. Pourtant, sur le podium qui voit passer des silhouettes identiques depuis des années, son corps n’est pas « normal », il est « hors normes ».

 

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Emeline Hoareau, le soleil des îles s’invite sur le catwalk

Fille de la Réunion, Emeline Hoareau a marché les pieds dans le sable avant de faire résonner les souliers griffés sur la scène mode. Elle a quitté son décor de carte postale pour investir un paysage plus glamour et devenir, à son tour, un « monument » à admirer. Elle a troqué le soleil de son île natale pour briller sous les lumières artificielles du catwalk. Personnification même de l’élégance, elle a fait ses preuves chez Ester Manas, maison qui met en lumière des corps délibérément laissés dans l’ombre par la mode.

Cependant, la jeune femme a véritablement percé en défendant les couleurs de Maison Margiela pour laquelle elle s’est muée en poupée de porcelaine dans une ambiance creepy-chic à la Tim Burton. À cette occasion, elle portait un tailleur gris angulaire qui faisait de ses lignes une véritable architecture.

Emeline Hoareau rend justice aux silhouettes dites généreuses malgré elle. Elle défile au nom de toutes ces femmes qui ont déjà blâmé leur reflet et regretté d’avoir des formes. Elle ne se contente pas d’exercer son métier comme les autres : elle réécrit cette mode qui se repose trop souvent sur ses acquis. Une mode qui rivalise d’originalité et de diversité dans ses créations, mais qui reste plate dans ses castings.

 

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Un avenir prometteur et une mission accomplie

Emeline Hoareau incarne cette nouvelle génération de mannequins qui transforment les complexes en signatures. Elle est de celles qui font bouger les lignes des vêtements et qui contredisent tout ce que la société a appris aux femmes depuis des décennies.

Après ce passage remarqué, qui a dépassé les sphères de la mode pour éblouir la toile, la mannequin réunionnaise ne risque pas de chômer. Son profil va certainement attirer des maisons soucieuses de leur image ou partisanes d’une mode plus représentative de la réalité. Sa prestation pour Givenchy a en tout cas fait réagir les internautes, qui ont trouvé là une figure d’inspiration rafraîchissante et accessible. Nombreux saluent le parti pris de la directrice artistique, qui a conscience de ce besoin de diversité et qui ne veut plus se conformer aux standards, mais les bousculer, les provoquer, les érafler. Le regard féminin est plus objectif et moins romancé. « Voilà ce que ça donne quand c’est femme la directrice artistique”, dit l’une sous la vidéo du défilé.

Cependant, d’autres regrettent que la mannequin soit définie comme « pulpeuse » ou « enveloppée », craignant que ces qualificatifs fassent culpabiliser les femmes aux contours similaires. Forcément, à côté de mannequins « de poche », au physique fluet, la silhouette de Emeline Hoareau ressort plus « robuste ». Pourtant, rappelons-le : c’est une mannequin midsize, dotée d’une morphologie flatteuse. Si sa présence signe une petite révolution, il reste de nombreux efforts à faire dans ce milieu qui ne voit qu’à travers les standards.

Alors que la Fashion Week sert encore de vitrine à la minceur, Emeline Hoareau rappelle que les poitrines dites généreuses, les hanches chaloupées et les cuisses charnues ne sont pas des défauts à corriger, mais des valeurs ajoutées. Au lieu de vouloir faire rentrer les femmes dans des cases, la mode ferait mieux d’ajuster ses vêtements à conséquence.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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