Vivre avec le psoriasis : ces femmes témoignent pour casser les standards de beauté

Encouragées par le mouvement body positive, les maladies de peau s’exhibent sans filtres sur les réseaux sociaux. Si l’acné a fait une irruption incroyable au cœur de la toile, d’autres problèmes cutanés commencent aussi à se dévoiler. C’est le cas du psoriasis qui se caractérise par des plaques rouges vouées à desquamer.

Une réalité handicapante que des femmes exposent dignement pour informer le grand public. Et c’est un beau pied de nez aux idées reçues ! Parce que l’image de la « pestiférée de service » irrite encore bien plus que le psoriasis, cette vitrine 2.0 sonne l’heure de l’acceptation. 

Le psoriasis, une inflammation cutanée difficile à masquer

Les personnes qui font une syncope au premier petit bouton vont certainement relativiser après cette découverte. Le psoriasis, maladie inflammatoire de la peau, ne laisse pas uniquement des traces sur le corps. Elle marque à vif la confiance en soi. Causées par un renouvellement accéléré de l’épiderme, ces plaques rouges en relief s’étalent de façon chronique.

Le psoriasis n’est pas aussi connu que l’acné ou le vitiligo, pourtant il touche 2 à 3 % de la population, qu’importe le genre de la personne. Au-delà de cette particularité physique à l’origine de nombreuses moqueries, dans 30 % des cas le psoriasis s’accompagne de rhumatisme dit « psoriasique ». Cette maladie qui mine la chair est encore plus difficile à appréhender chez les femmes, soumises aux dures lois du « glow parfait » et du « teint lisse ».

Mais cette peau de poupon à la Kim K tant adulée est loin de faire figure de norme. D’ailleurs, un tiers des Français.es souffre de maladies cutanées. Et l’entrée fracassante du mantra « skin positivity » sur les réseaux sociaux dédiabolise doucement, mais sûrement ces sursauts gênants de l’épiderme. Le psoriasis, lui non plus, ne compte pas rester dans l’ombre des chemisiers. Il s’expose sans honte au détour de posts « gros plan » pour défier les haters démangés par la haine.

Des comptes Instagram édifiants pour raconter l’envers du psoriasis

« On m’a demandé de quitter la piscine. C’était l’une des premières fois où je me suis vraiment sentie mal dans ma peau”. Lianne Hunter a longtemps été perçue comme une « bête de foire contagieuse » à cause de son psoriasis. Son histoire traumatique, elle la déploie quotidiennement sur son compte Fix my Psoriasis. Touchée depuis l’âge de 5 ans, la jeune femme a essuyé des critiques abjectes. 

« C’est sale », « c’est moche », « tu ne serais pas une descendante des aliens ? »… pendant sa scolarité, Lianne a enduré les pires atrocités. Au fil des allers-retours sur le banc de l’école, son estime personnelle se consumait lentement. Malgré son caractère de guerrière, ces taches rouges en relief, cibles de railleries, sont devenues son ultime complexe. Même son de cloche pour Claire Spurgin, qui a le corps tout entier criblé de points rouges.

« Je détestais mon reflet dans le miroir et j’ai perdu toute confiance. Il a fallu des années avant que je sois capable de dire les mots « j’ai du psoriasis » »

Diagnostiquée en 2016, la sommelière originaire du comté de Sussex a passé des mois à camoufler sa différence sous d’épaisses couches de fond de teint et autres réjouissances cosmétiques. La créatrice du compte « claire_psoriasis«  était effrayée par son propre reflet. Si la douleur physique était minime, les plaies intérieures, elles, ont fait des dégâts.

Il existe différents types de psoriasis dont certains sont plus visibles que d’autres. C’est le cas du psoriasis en gouttes dont souffre Claire. Le psoriasis élit domicile à sa guise et peut survenir de façon imprévisible. Ce revirement cutané d’une brutalité inouïe crée la panique générale. Pour Bri Morrell du compte « thatgirlpatches », cette transition s’apparentait à un cauchemar éveillé.

Si aujourd’hui elle clame « Ne laissez pas le psoriasis vous tirer vers le bas », elle n’a pas toujours eu ce rapport apaisé avec son corps. Au plus haut des poussées, son corps est recouvert à 70 % de plaques rouges saillantes. D’autres comptes Instagram à l’effigie de « psoriasis_thougts » ou « crustygirl_psoriasis » lancent l’alerte sur l’impact psychologique d’un tel changement.

Toutes ces femmes, malgré leurs histoires tumultueuses avec le psoriasis, perçoivent désormais cette maladie cutanée comme une œuvre d’art en constant mouvement. Instagram les a aidé à faire la paix avec ces lésions qui les rendent uniques.

Des messages positifs sans fards pour cicatriser de l’intérieur

« Le psoriasis c’est une montagne russe émotionnelle et ça nous forge au quotidien. Nous apprenons et nous devenons plus forts”. Derrière ses photos, Claire de « claire_psoriasis » partage son aventure avec son partenaire particulier. Même si sa relation avec le psoriasis reste tendue, elle n’hésite pas à revendiquer le motto « body glory » soit la gloire des corps.

D’autres semblent totalement réconciliées avec le psoriasis. Au détour d’un shooting photo, « crustygirl_psoriasis » alias Yona faisait une véritable déclaration d’amour à son corps.

« J’avais envie que mes plaques claquent plus, qu’il y ai des paysages à voir, que l’œil ai des rochers à gravir en regardant ces images »

Une comparaison très symbolique qui rejoint celle de « thatgirlpatches » et son brillant dicton « Un corps sans cicatrices est comme un ciel sans étoiles”.

Au-delà de se passer de la pommade, ces femmes porteuse de psoriasis jouent la carte de la pédagogie en évoquant traitement, hygiène de vie minutieuse, solutions apaisantes, mais aussi phases chaotiques et déboires. Une nécessité pour déboulonner les coriaces idées reçues. 

Ces initiatives bienveillantes à vocation éducative ont pourtant été mises en sourdine par le capricieux algorithme d’Instagram. En 2019, le réseau social avait suspendu le hashtag #psoriasis. Heureusement, il a repris du galon et recense aujourd’hui près de 2 millions de posts.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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